Lauréat d’un Oscar mérité, Spider-man : New Generation (Into The Spider-verse en VO) avait révolutionné les codes de l »animation populaire il y 5 ans, imposant un traitement graphique inédit et démontrant qu’il y avait une alternative à la recherche de l’ultra-réalisme 3D d’un Pixar ou d’un Dreamworks. Un bijou d’inventivité d’une richesse visuelle inouïe qui a pris tout le monde par surprise et dont on se demandait bien comment il pouvait être surpassé.

Spider-man : Across The Spider-verse (SMATSV) y répond magistralement. Le film sublime le matériel originel et offre une expérience sensorielle sidérante. C’est un émerveillement constant à l’ambition artistique vertigineuse qui repousse encore plus loin les limites créatives de l’animation. On y traverse, subjugués, les mondes des différents Spider-héros que Miles côtoie, chacun héritant de sa propre direction artistique, une esthétique unique parfois radicale. La prouesse tient aussi au fait que chacun garde son style graphique quand il est plongé dans un monde différent, et qu’à l’image, ça fonctionne. Et mieux que bien. Ça commence dès les premières minutes avec un Vautour débarquant de la Renaissance dans le monde pastel de Gwen, avec un graphisme proche des esquisses de De Vinci. Fascinant et bluffant.

Chacune des « Terres » sont sublimement dessinées, on pourrait faire un arrêt sur image à n’importe quel moment et obtenir un tableau à accrocher dans son salon. Le métrage est si foisonnant de détails que dix visionnages ne suffiraient pas à tout voir.

L’animation est tout aussi affolante, offrant des combats à couper le souffle et des scènes d’action étourdissantes, toujours motivée par l’exigence de lisibilité et de cohérence d’ensemble.

Mais cette virtuosité technique serait vaine si le scénario et les personnages n’étaient pas à sa hauteur. Encore une fois, SMATSV se hisse à un niveau d’excellence rarement vu dans un film de super-héros. La notion d’univers parallèles ou multi-verse, n’a jamais été traitée avec autant de clarté et de rigueur. Le récit est solide et compréhensible, rythmé par des twists narratifs réussis, l’un d’eux établissant une connexion inattendue avec New Generation, renforçant l’empathie entourant Miles. Car c’est bien son histoire qui est le cœur de SMATSV, le destin touchant et sincère d’un ado qui cherche sa voix. D’une manière générale, l’ensemble des personnages sont fouillés, construits avec la même exigence de singularité malgré leur nombre. L’écriture est à la fois drôle, bien plus que dans le précédent, tragique et s’appuie sur un scénario dense, mais aussi complexe que lisible et évident. Il est question de prédestination et de libre arbitre, de famille(s), d’éveil amoureux et évidemment de responsabilité. Il intègre naturellement les bases de la mythologie Spider-man avec déférence et respect, et amuse avec une foule de références au comics et aux précédents films. Mais ce fan-service ne parasite en rien l’histoire, il parvient même à avoir une vertu pédagogique sur le fonctionnement du Spider-verse.

Across the Spider-verse est un film d’animation total, passionnant, haletant de bout en bout, porté par une bande-son euphorisante. Un chef d’œuvre techniquement impressionnant, épique narrativement et émotionnellement très abouti. Il s’achève sur un final tonitruant et un clifhanger très bien amené, qui décuple (si c’est encore possible) l’impatience de découvrir Beyond the Spiderverse l’année prochaine. On a bien reçu la claque annoncée et on a très envie de la recevoir à nouveau.

Thibault_du_Verne
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le 31 mai 2023

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