La profondeur émotionnelle de l'oeuvre n'est pas toujours dans ce que le studio Ghibli sait produire à merveille : la bienveillance inouïe des personnages centraux, les détails pastels d'un paysage si familier, si japonais, le gimmick d'une grand-mère en tenue traditionnelle qui sort du train pour la deuxième fois ou l'au-revoir d'un pêcheur bourru.
La profondeur est à situer autre part. Sans doute dans la montée fulgurante des émotions véhiculées par Anna (qui aurait pu s'appeler Hana tant elle a la fragilité d'une fleur) et Marnie au fur et à mesure que l'intrigue se désépaissit, évacue son brouillard scénaristique enveloppant et mystérieux. La beauté de quelques scènes (les échappées d'Anna, les nombreux rêves) ne dépend parfois que du simple sens du montage du studio, merveille de dynamisme home-made : faire enchevêtrer le réel au pseudo-imaginaire, le thème ambigu de la sexualité et du passage à l'âge adulte.
Il semble impossible de renouveler le tour de force inouïe du sens de l'épique associé à l'épure la plus totale qui a fait la force du studio depuis Nausicaä. Ou il faut alors s'appeler Isao Takahata, mais qui peut arriver à la cheville de La Princesse Kaguya? N'en demandons pas trop, ces Souvenirs de Marnie ne sont pas les plus marquants mais continuent d'apporter du vrai feel-good au cinéma d'animation qui semble s'ancrer davantage dans le spectacle de zoo en synthèse.