Curieux destin que celui de « Southland Tales ». Présenté presque en grandes pompes au 59ème Festival de Cannes, l'accueil du public fût tellement violent que le film n'eût même pas les honneurs d'une sortie en salles ! On peut trouver ce sort un peu sévère. Richard Kelly essaye beaucoup de choses, les idées visuelles sont nombreuses, le scénario ambitieux et l'invraisemblable casting (Dwayne « The Rock » Johnson », Sarah Michelle Gellar, Seann William Scott, Justin Timberlake, Janeane Garofalo, Miranda Richardson, Mandy Moore et Christophe Lambert!) plutôt satisfaisant. J'ai d'ailleurs pris un certain plaisir au départ à suivre cette étrange aventure apocalyptique où rien n'est vraiment prévisible, certaines scènes faisant leur petit effet. Hélas, cette dimension intrigante finit par lasser rapidement, faute d'un réel fil narratif et d'un récit rapidement incompréhensible. Aller au bout d'un délire, refuser le conformisme pour offrir une œuvre totalement personnelle, c'est bien. Encore faut-il que celui-ne se transforme pas en « trip » qui n'amuserait que le réalisateur. C'est hélas un peu ce qui se passe, et sans jamais être insoutenable, j'avoue avoir rapidement suivi « Southland Tales » d'un œil distrait, conscient de l'audace caractérisant celui-ci, notamment dans sa dimension sexuelle, mais en y adhérant rarement plus que cela. Il y aurait par ailleurs beaucoup de choses à dire sur les nombreux thèmes que le film aborde : reste que lorsque l'on s'est aussi moyennement passionné pour ces derniers pendant deux heures vingt (!!), difficile de les porter en triomphe, aussi intéressants soient-ils. L'échec est honorable, mais c'est bien la frustration qui l'emporte : une déception.