Si la profusion de Star Wars au cinéma semble amener certains à l’overdose, il n’en reste pas moins qu’un nouvel opus de la licence est toujours un évènement. En ce sens, ce Solo : A Star Wars Story était attendu au tournant à plus d’un titre : arriver très vite après Episode VII, toucher un personnage ô combien précieux aux yeux des amateurs et proposer une histoire mineure une fois resituée dans l’ensemble de saga. S’y ajoutent une production chaotique (Phil Lord et Chris Miller débarqués au profit de Ron Howard après quatre mois de tournage) et un premier rôle, Alden Ehrenreich, chargé de passer après un Harrison Ford totalement indissociable du contrebandier.
Évacuons tout de suite la question : Ehrenreich s’en sort avec les honneurs. Le bonhomme a bien fait ses devoirs et s’est imprégné du rôle et des mimiques si caractéristiques de son illustre aîné. Il parvient à donner corps à ce vaurien de corellien sans tomber dans la caricature mais au contraire en lui apportant une fraîcheur bienvenue. Plus généralement, le cast est très juste et l’alchimie passe. Woody Harrelson est toujours aussi bon et Donald Glover assez excellent en Lando Calrissian. Seule Emilia Clarke, que l’on a pourtant toujours grand plaisir à retrouver, fan de Game of Thrones que l’on est, semble un ton en dessous,
dans un rôle qui pourrait avoir plus d’importance qu’il n’y paraît.
Cette joyeuse troupe se retrouve embarquée dans un western intergalactique fort sympathique. On est loin de l’impact des épisodes anthologiques de la saga ou même de la puissance dramatique de l’excellent Rogue One. Solo est juste un film cool, une origin story honnête et qui fait le job pour nous raconter une petite histoire de la très grande dont il découle. Le métrage propose son lot de scènes d’action rondement menées
(mais ne serait-ce pas l’ami Chutlu qui s’invite dans SW ?)
même si aucune ne restera vraiment marquante. Avec un niveau de fan-service tout à fait raisonnable, certains moments fondateurs de la saga sont relatés (rencontre avec Chewie, découverte du Faucon Millenium) durant lesquels on ne pourra cacher un petit sourire de bonheur. Ron Howard explore quelques horizons inhabituels pour la saga, notamment lors d’une scène de fin assez tarantinesque dans l’esprit.
Pour autant, tout n’est pas parfait. Certaines idées sont trop peu exploitées voire bâclées
la mort de Val ne semble pas affecter plus que ça l’ami Tobias Beckett
, laissant la sensation d’avoir subi la grande mode du recut. Il est ainsi dommage que les Cloud-riders ne soient pas mieux utilisés, leur côté Mad Max (toute proportions gardées, on est quand même chez Disney) aurait pu apporter un véritable plus au métrage. A noter également une image très sombre, principalement au début du film, qui peut nuire à la lisibilité de l'action. Pour avoir lu ce reproche pas mal de fois, le problème ne semble bien venir de l'étalonnage.
En bref, ne boudons pas notre plaisir. Il faut en effet prendre Solo pour ce qu’il est, à savoir un pan mineur d’un univers bien plus vaste. Il n’en reste pas moins un excellent divertissement, loin, très loin de la catastrophe annoncée. Le film explore des horizons différents et apporte sa petite pierre à l'ensemble avec honnêteté et un véritable amour pour son personnage principal. Nous aimons Han, et il le sait !