Amateurs de dystopie, ce film remplit parfaitement ses fonctions

L'histoire explore un univers original comparé aux trois références du genre : "Le Meilleur des mondes" (eugénisme et contrôle des naissances), "Fahrenheit 451" (contrôle du savoir et de la culture) et "1984" (contrôle de l'information est de la pensée). Si l'on relève évidemment quelques similarités quant à un avenir sombre, telles que la dégradation des conditions de vie et la subtilisation du pouvoir par une mystérieuse caste dirigeante, le contrôle s'effectue ici par la nourriture.

L'intrigue est assez simple. En 2022, dans un New York grouillant d'une populace sale et miséreuse, un flic est chargé d'enquêter sur un meurtre, un parmi des centaines commis chaque jour. Ses recherches l'amènent à découvrir le visage véritable de la société dans laquelle il vit.

Il faut bien se garder de juger l'œuvre à l'aune de cette simplicité. Car la représentation de la société dystopique est, elle, particulièrement fouillée. Les pauvres n'ont rien. Vraiment rien. Ils vivent dans les rues et s'entassent dans le moindre mètre carré autorisé pour dormir pendant le couvre feu. Ils tentent de manger des portions de nourriture synthétique, fabriquées par une seule et unique société, Soylent, en nombre insuffisant. Ils doivent, en pleine ville, faire des heures de queue pour remplir un bidon d'eau. Au sommet de la société se trouvent les membres du gouvernement et ceux de la société Soylent, qui peuvent se permettre de manger quelques vrais légumes (la viande est elle quasi inexistante) et de vivre dans le grands appartements où de belles et jeunes femmes font parties du "mobilier" au même titre qu'une table. Entre les deux vivote une classe moyenne dont on ne connaît pas bien les contours, qui peut se permettre d'avoir un logement sans eau courante. C'est à cette dernière qu'appartient Thorn, le flic autour duquel se construit l'histoire.

(Éléments de l'intrigue révélés)

C'est une belle prouesse que de réussir à installer une atmosphère aussi noire en aussi peu de temps. La poussière jaune omniprésente et la saleté de la population réussit à l'entretenir tout au long du film. Elle est également savamment développée par quelques détails, comme la scène où l'on pénètre à l'intérieur de la "réserve" d'arbres de New York, les derniers, simple tente dressée au milieu d'un terrain vague avec en tout et pour tout une dizaine de spécimens. Ou encore ce moment hallucinant de l'émeute de la faim, où les miséreux sont ramassés par bennes entières pour disperser la foule.

Quant au dénouement, l'intensité est magnifique. L'inversion des valeurs, comparé à notre société, où l'on rêve de finir tranquillement sa vie, est bouleversante. Le "foyer" pour personnes âgées n'est pas une maison de retraite, mais une usine à euthanasier les vieux. On comprend dès lors que leur cadavre va être recycler pour fabriquer la nourriture, et faire de l'argent avec. Ce dont il est impossible de douter tout le long du film. J'ai simplement été un peu déçu par la fin. J'aime en général qu'elle laisse une part de doute où d'interprétation personnelle, mais ici, elle est bien trop grande. On n'a pas la moindre idée de si la vériter va éclater. J'ai tendance à penser que non.

Au final, "Soleil vert" est un film d'exception, qui, malgré les années, n'a pas trop vieilli. A voir, vraiment.
julienl
7
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le 13 sept. 2011

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julienl

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