Comme chantaient les négresses vertes, voilà l'été et il ramène dans sa hotte non pas des jouets par milliers mais bien son lot d'envah...touristes et de grosses chaleurs ponctuées ça et là d'orages de grêle et autres joyeusetés.
Le rapport avec Soleil Vert ? Dans ce film aussi il fait chaud, nous sommes en 2022, l'homme a détruit son environnement et ne se nourrit plus que de Soleil vert, sorte de jetons de casino vert produit de manière synthétique distribués sous forme de ration hebdomadaire à la populace.

La première chose qui frappe dans ce film, c'est la cohérence de l'univers mis en place. Le filtre jaunâtre déployée pour les extérieurs donne un aspect poussiéreux, déliquescent et même étouffant au film. Aspect grandement renforcé par les scènes de révoltes extérieures où le peuple grouille littéralement allant même jusqu'à s'entasser dans les escaliers des immeubles pour dormir le soir venu. Cette effet est d'autant plus efficace quand on juxtapose ces scènes avec l'intérieur d'un appartement riche, propre et d'une blancheur éclatante.

Ce film a la capacité d'être toujours dans l'ère du temps, de parvenir à cristalliser parfaitement les craintes et les dérives du genre humain, malgré quelques aspects un peu kitsch inhérent à l'époque de sa production. L'humain "lambda" n'est plus rien, pas même une bête et pire que ça au final. Des femmes sont louées en même temps que les appartements de riche comme "meuble", comprendre ici une pute de luxe. En cas d'émeute, des bulldozers viennent pelleter littéralement les manifestants. On euthanasie les vieux dans des endroits appelés "Home" dans la version américaine ( vous le sentez le cynisme de la chose ou pas ?! ). Ce genre d'humour noir est encore plus exacerbée quand on se rend compte que les cadavres sont ramassées par des camions bennes comme ceux qu'utilisent les éboueurs.
Malgré tout il y a peu de scènes ridicules ou tirant trop vers le mélodrame, la seule scène que je trouve absolument inutile est la suivante : Charlton Eston a volé des légumes, de la viande et de l'alcool. Lui et son "biblio" ( qui n'a pas connu que le soleil vert contrairement à Charlton) s'organisent un petit gueuleton où on les voit se marrer en mangeant et où le petit papy nous joue toute la gamme de la satisfaction. Et honnêtement on s'en fout, on a bien compris que le soleil vert c'est pas bon et que la bonne bouffe bio du jardin c'est mieux, pas besoin d'appuyer lourdement là dessus. Apparemment, c'est une scène que Charlton Heston et le papy aurait réclamé au réalisateur, finalement ça ne m'étonne pas tant elle parait superflu.

Le plus grand malheur sur ce genre de film finalement, c'est que tout le monde connaît déjà la fin. Ce film est devenu si célèbre qu'il est rentré dans la grande culture de la science fiction et même de la pop-culture. C'est un peu comme Star Wars, personne de nos jours ne peut décemment s'étonner en découvrant que Dark Vador est le père de Luke.
Pourtant, tout le film tient sur sa révélation finale sur la dimension pro décroissance et anticonsommation ; ce n'est pas un hasard si le film sort en 1973, 2 ans après le rapport "Halte à la croissance" et s'il s'inscrit parfaitement dans le contexte de la création du Club de Rome, rapport qui sera plus tard à l'origine même de l'émergence de l'idée de "développement durable".
Et elle demeure grandiose cette fin, magistralement contemporaine à l'aune de ce genre d'article ( parfaitement sérieux ) http://www.slate.fr/life/80559/soylent-arreter-manger / http://www.soylent.me/ on ne peut que s'inquiéter sincèrement du jour où l'Homme décidera que finalement, manger c'est surfait.
Johnutella
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le 18 juin 2014

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Johnutella

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