Ainsi parlait Solange : une comédie existentielle pour tous et pour personne

A l'instar de Pas très normales activités avec Norman Thavaud, il était temps à Ina Mihalache de se projeter hors des internets au profit du grand écran. Solange et les vivants, son premier long métrage issu du financement participatif, est l'occasion pour la canadienne de nous montrer de quel bois elle se chauffe. Particulièrement prolixe sur le Youtube, elle choie son public depuis bientôt 3 ans. Pour notre plus grand bonheur, elle délivre régulièrement ses réflexions désabusées parfois neurasthéniques voire névrosées mais toujours réconfortantes, qui nous ramènent à nos propres cogitations. Son personnage est fort attachant à qui est un peu cérébré, à qui l'empathie est un sens comme un autre, à qui a le coup de foudre pour ces filles jolies au naturel.
Autant ses vidéos (mêmes celles qui relèvent de la performance plus que de la délivrance d'un message intelligible) m'ont jamais ennuyées, autant Solange et les vivants m'a laissé coi. Je passe sur le mauvais raccord (où est passée cette putain de tasse de thé?) dès le début du film qui m'oppresse encore. Mais c'est avant tout la trame générale que j'ai trouvé finalement pas très bavarde. Succession de saynettes où Solange se découvre par contraste avec les personnages qu'elle côtoie, bons nombres des sketchs tombent malheureusement dans le poncif éculé (les deux femmes de la salle d'attente du médecin, la journaliste et le clubbeur en tête) en mettant en scène des personnages sans la moindre profondeur, totalement caricaturaux.
Le message substantielle qui se dégage des sketchs donne l'impression d'être quasi tronqué (ou du moins aucun effort a été fait pour l'étayer). Chaque idée se retrouve cloisonnée à elle même donnant un caractère désarticulé à l’enchaînement du film qui dans sa globalité en pâtit. Une volonté de raconter (trop vite) par la mise en scène qui malheureusement tombe un peu à plat. Et puis le choix de justifier Solange et les vivants par Solange te parle (ou l'inverse?) m'a un peu déçu. C'est un peu le choix de la facilité, c'est fortement égocentré et je suis assez sceptique concernant ce que peut en penser un spectateur lambda qui n'a pas le background concernant le personnage de Solange (en tout cas c'est un peu lourdingue pour le spectateur assidu).
Cependant et ouf il y a de bonnes choses. M'étant fait souffrance pour écrire cette critique, je vais remonter quand même quelques bons points. Il y a ce travail intéressant sur l'inaction qui se lit sur le jeu des acteurs invoquant ses expérimentations de Réussites[Patiences] (2010). Le passage avec l'amante du cunilinguiste est assez réjouissant. La meilleure scène reste à mon sens celle où Solange nue monologue dans son bain, du fait qu'elle m'a ramené à ma réalité de spectateur, scrutant la poitrine qui tardait à se montrer. La scène de la vieille fumeuse a de bien qu'elle a le mérite de commencer comme une mauvaise blague, tâtonner, pour finir sur un moment sensible. Et puis il y a Solange babysitteuse, Solange dactylographe, Solange cauchemardante, autant de Solange qui nous ramènent finalement à la Solange des internets, la Solange qu'on se plait à apprécier.

punkryden
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le 21 déc. 2014

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