Silent Voice
7.4
Silent Voice

Long-métrage d'animation de Naoko Yamada (2016)

Lorsqu’une nouvelle élève, Shoko Nishimiya, sourde, débarque dans sa classe, Shôya Ishida va lui faire vivre un calvaire. Pourtant, la jeune fille ne cherche qu'à s'intégrer et se faire des amis. Le garçon continuera à l'ennuyer, appuyé par la méchanceté de certains de ses camarades ou la passivité d'autres. Cet harcèlement devient tellement problématique qu’elle est obligée de changer d'école.


Une tentative de suicide plus tard, Ishida a changé du tout au tout. Pourquoi ? Que s’est-il passé pour qu’il en arrive à se remettre en question à ce point, nous n’en savons rien. Arrivé en secondaire, meurtri par la culpabilité, il va lui-même devenir plus ou moins volontairement victime de bully. Il va également partir à la recherche de Nishimiya, pour s'excuser en langage des signes, qu'il a commencé à apprendre.


Après une série de (très) nombreuses et heureuses coïncidences, ils vont partager du temps ensemble, nourrir des carpes, tout en essayant de communiquer autour de cet acte initial traumatique (pour tous les personnages du film, pas que pour nos deux héros).


On aurait pu s'attendre à un beau film sur les conséquences dramatiques du bullyisme. On aurait pu exposer la capacité de résilience provenant d'une relation tissée entre victimes et harceleurs. Nous aurons droit à deux heures de paranoïa coupable, délirante et absurde à un certain point, tellement les personnages ne cessent de s'excuser littéralement pour tout ce qu'ils font/ont fait/n'ont pas fait/feront/ne feront pas.


Certes, l’animation est très réussie, en particulier le soin accordé aux détails qui composent les plans, la nature environnante et le paysage. La mise en scène n’est pas très vive, tout en cadre lent, immobile, s'attardant souvent sur les jambes et les chaussures, mais est elle soignée.


C’est au niveau du scénario que le bât blesse. Des tentative(s) de suicide aux accident(s) (in)volontairement recherchés, les personnages (et nous avec) baignent dans un ras-de-marée de déprime où la culpabilité cherche à les (et nous?) noyer.


Une personne désirant faire "le bien" autour d'elle, y déployant toute son énergie, ne pourra jamais déterminer les conséquences précises que pourront prendre ses actes. La nature humaine est incertaine, mais de cela, ni l'auteur ou ses personnages ne semblent au courant. À répéter inlassablement qu’ils sont désolés et qu’ils sont coupables, il n’y en a pas un pour sauver l’affaire. Tous sont dans le même schéma d’une auto-destruction ravageuse, sans aucune envie réelle d’avancer.


Les personnages larmoient, pleurent et éclatent en sanglot pendant 2 heures pour comprendre ce que nous devinons très rapidement : au fond, ils sont à la recherche de rédemption, d’amitié, d’amour. Et 2 heures, quand on s'y prend mal, c'est long parfois.

Cambroa
7
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le 14 mai 2020

Critique lue 138 fois

Cambroa

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