La critique complète du film : http://cinecinephile.com/silent-voice-realise-par-naoko-yamada-sortie-de-seance-cinema/
Il aura fallu attendre plus de deux ans avant de voir débarquer dans les salles françaises Silent Voice, le film d’animation japonais de Naoko Yamada, véritable phénomène dans son pays d’origine, se plaçant dans la lignée d’un nouveau cinéma d’animation japonais contemporain dont fut ici Your Name en 2016. Silent Voice raconte l’histoire de Nishimiya, une jeune élève sourde qui subit le harcèlement de son camarade Ishida. Des années après, Ishida est un élève solitaire, rejeté à son tour par ses camarades. Le jeune adolescent se lance alors dans l’apprentissage de la langue des signes, se fixant comme but de retrouver Nishimiya et de se racheter de ses erreurs de jeunesse.
Si à première vue, le scénario de Silent Voice sonne comme un mélo romantique déjà vu, il s’agit en vérité d’une histoire bien plus réaliste et dure qu’il n’y paraît. Pour son premier long-métrage d’animation, la cinéaste-animatrice ayant travaillé auparavant sur des séries animés, Naoko Yamada a choisi d’adapter le manga en sept tomes « A Silent Voice ». Une œuvre sur le harcèlement scolaire dont l’auteur, Yoshitoki Oima, a trouvé l’inspiration chez sa mère, interprète en langue des signes, pour faire de ce langage un point central de la narration de son manga. Naoko Yamada a storyboardé seule ce premier long-métrage en s’associant avec son compositeur Kensuke Ushio pour créer l’animation et la musique de Silent Voice comme un tout, la volonté de la cinéaste étant de retranscrire la perception de son héroïne.
[...] Portée par une animation minimaliste transcendée par des idées de mise en scène visuelles et sonores virtuoses, Silent Voice bouleverse avant tout par son récit sur l’adolescence qui se place dans la lignée d’un Your Name. Naoko Yamada dresse le portrait d’une adolescence fragilisée par un Japon contemporain et moderne, où les relations priment dans le virtuel plutôt que dans le réel. Une adolescence dans le besoin de renouer le contact, à l’image de Ishida qui tente de renouer avec Nishimiya, par le langage des signes. Cette langue devient une métaphore habile du récit, témoignant de l’isolement des jeunes adultes dans notre société contemporaine. Une proposition d’auteur bouleversante qui érige une nouvelle fois le cinéma d’animation japonais au sommet de son art.