Je ne savais pas de quoi ça parlait, je ne m'attendais à rien.
Et j'étais même assez réticent au vu des premières images et au design des personnages.
L'histoire, sans spoiler, c'est une classe en primaire, où arrive une petite fille sourde. Leurs relations vont s'en trouver changer et avoir un impact sur leur développement en tant que personnes.
Ce qui fait de Koe no Katachi un film BIEN MEILLEUR que Kimi no na ha - Your Name, ou d'autres productions animées, c'est
- une histoire qui traite de différents thèmes pas forcément mis en valeur. L'ijime (苛め- harcèlement) est souvent présenté de la même façon au Japon, et les différents niveaux de responsabilités sont souvent amenés de façon hyper manichéenne. De même, on parle tellement peu de la surdité chez les adolescents, et des handicaps en général (qu'ils soient reconnus ou ressentis)
- le développement intéressant de la majeure partie des personnages. Là où en général les histoires peuvent avoir tendance à utiliser les personnages secondaires comme outils narratifs, ils ont ici chacun leur histoire, leur sensibilité, leurs guerre intérieure.
Ce qui fait cette narration singulière et peut parfois donner l'impression de lenteurs, c'est qu'il n'est pas construit comme un film mais comme une succession d'épisodes de manga, ou de série animée. Ce qui est d'habitude gommé lorsque une oeuvre passe en long métrage, pour se concentrer sur l'intrigue principale, est ici revendiqué. L'histoire progresse à force de rencontres et de réflexions et événements successifs.
On part donc d'un début difficile à regarder (je dois vous avouer que le harcèlement scolaire au début m'a fait mal au coeur) pour se faire totalement emporter par l'histoire, sans savoir de quelle façon elle va se dérouler. Oui, on se doute de la finalité d'une romance, mais si le film ne voulait vraiment pas être une simple romance ? Le doute poursuit jusque tard dans l'histoire :
Les japonais aiment bien la notion de sacrifice, après tout.
Bref une histoire pas si banale, bien traitée et se voulant différente.
On apprécie certaines volontés de "prise de vue" aussi, pour exprimer la difficulté à rencontrer le regard de l'autre.
PS : "koi", c'est l'amour, mais c'est aussi la carpe, ce symbole de persévérance pour les japonais, car elle nage contre le courant. C'est ainsi que les carpes les plus courageuses se sont transformées en dragons, dans les légendes.