Au sortir de Breaking Bad, il me fallait ma dose de dope mexicaine alors va pour Sicario. Je n'en attendais pas grand chose malgré la hype ambiante, mais j'ai été agréablement surpris : sans pour autant y voir un film de génie, on a ici une oeuvre ressentie et aboutie.
C'est le genre de film qui montre les événements sans s'alourdir de dialogues inutiles, sans pour autant tomber dans une alternance longs silences / punchlines brutale toutes les 10mn. La mise en scène nous prend dans le (bon) jeu d'une Emily Blunt sans cesse perdue parmi des personnages dont les actions lui echappent, dans un milieu hostile et stressant. On s'identifie parfaitement à son innocence et à sa désorientation, on est souvent dans l'expectative - "attend, pourquoi il fait ça ? Ah ok c'était pour mieux cacher que..." - et par conséquent particulièrement happé par le film, d'autant que le climat de tension est très, très réussi (cette musique sourde qui monte doucement... waow). Le rythme est lent sans pour autant être ennuyeux.
Esthétiquement, des plans sublimes pris en drone au-dessus du désert frontalier, des cadrages au poil de fesse, et des décors très réalistes.
La force du film est certainement de placer les personnages (plutot que l'intrigue) au premier plan. Par consequent la faiblesse qui en decoule est de ne pas montrer ni expliquer plus avant un univers interessant et d'actualite - les problemes de cartels au Mexique sont un vaste sujet. Cela laissera probablement quelques spectateurs sur leur faim, personnellement j'approuve le choix : on est pas dans un documentaire.
Je ne prend pas le temps de rediger une critique plus poussee, je vois que d'autres l'ont fait tres bien avant moi et je pense que le film parle de lui-meme. Tortueux, il ne laisse pourtant que peu de zones d'ombre grace au brio de Denis Villeneuve, real que je continue de valider. Je m'en vais d'ailleurs de ce pas voir Premier Contact au ciné, ne me decois pas Denis !