
Dans un monde futuriste où se profile une catastrophe écologique,les autorités tentent d'éviter le pire en instaurant la politique de l'enfant unique.Tout enfant excédentaire est cryogénisé en attendant un hypothétique retour à des conditions climatiques meilleures.C'est le moment que choisit Karen Settman pour mourir en accouchant de septuplés,sept petites filles que leur grand-père recueille et cache en leur inculquant de nombreuses règles intangibles devant leur permettre d'échapper à la loi.Lorsqu'elles ont trente ans,elles continuent à vivre dans le même appartement,dont chacune ne peut sortir qu'un jour par semaine sous l'identité unique de Karen Settman,employée de banque,alors que toutes ont pour prénom un jour de la semaine,celui justement de la journée où elles peuvent aller dehors.Mais un lundi Monday ne rentre pas le soir et ses frangines paniquent,craignant d'avoir été découvertes et ne sachant comment réagir.Cette coprod américano-franco-britannico-belge est réalisée par le norvégien Tommy Wirkola,dont le "Hansel et Gretel" de 2013 était pas mal,et aligne un casting international.Le scénario concocté par Max Botkin et Kerry Williamson est assez créatif et arbore une dimension dystopique intéressante qui n'est jamais perdue de vue même si c'est le côté thriller qui prend progressivement le dessus.On commence donc par une description clinique de lendemains qui déchantent à base de surveillance généralisée,de bracelets et portillons électroniques,de scanners omniprésents et de flics ou militaires patrouillant à tous les coins de rues,avec en toile de fond la fameuse fable du réchauffement climatique.Ceci dit,si ce prétexte est bidon,la surpopulation est bel et bien le problème qui guette une planète en proie à la pollution et à l'épuisement des ressources.Dans ce contexte,les gens qui veulent quand même avoir des enfants se font vite repérer et enlever leur progéniture,d'autant que les gouvernants sont de gros nazis n'hésitant jamais à employer la force et que l'interdiction s'étend aux jumeaux et autres naissances multiples.C'est le cas des soeurs Settman qui sont contraintes de rester cloîtrées six jours par semaine et de ne pas pouvoir être elles-mêmes quand elles sortent vu qu'elles doivent présenter au-dehors un aspect homogène alors qu'elles sont en réalité très différentes.Cela leur tape sur le système,surtout que ça requiert une discipline de fer.Par exemple,si l'une se blesse de manière visible,les autres doivent toutes s'infliger la même blessure,ou si l'une se fait remarquer en public par un incident ou un comportement inhabituel,elle doit le raconter aux frangines afin qu'elles ne soient pas surprises si quelqu'un leur en parle ultérieurement.Bref,c'est l'Enfer sur Terre et si elles ont tenu trente ans à ce régime ça ne va pas durer plus longtemps et leur bel ordonnancement rituel va craquer sévèrement.Elles sont démasquées et une officine gouvernementale entreprend de les éliminer,ce contre quoi elles vont lutter farouchement.S'ensuivent des rebondissements bien dosés au sein d'une intrigue plutôt sophistiquée et inhabituellement noire,car toutes les héroïnes ne vont pas s'en sortir, habilement menée par un Wirkola qui dépote des scènes d'action bien foutues relevant d'une violence hard,tandis que des twists finaux épicent la narration,même si celui concernant la cryogénisation se devine dès le début du film.Après il y a pas mal d'incohérences dans cette histoire pas toujours maîtrisée,et la conclusion envoie un message bizarrement brouillé.Le docteur Cayman,sorte de Mengele en jupons,ne regrette rien et justifie ses méthodes atroces par la recherche du Bien commun,ce qui se défend même si la manière est évidemment condamnable,et on nous envoie dans la foulée des images d'une pouponnière pleine dans un monde libéré-délivré où l'on peut à nouveau procréer à loisir.So what?La surpopulation ne pose plus problème,d'un seul coup?Ou on a décidé de s'en foutre en se disant qu'on verrait bien?L'argument crucial du film est bien sûr la magistrale performance de Noomi Rapace,et des responsables des effets spéciaux,l'actrice suédoise incarnant à elle seule les sept soeurs et parvenant à exprimer leurs différences,de la punk à la geek,de la chicos à la sexy,etc.D'autres comédiens ont fait ce genre de trucs,mais c'était généralement des hommes et ici on n'oublie pas la bonne louche de féminisme.On se souvient d'Alec Guinness dans "Noblesse oblige",où il jouait huit membres d'une famille,de Fernandel dans "Le mouton à cinq pattes" où il tenait les rôles de quintuplés plus un autre personnage,ou d'Eddie Murphy dans "Le professeur Foldingue" avec sept protagonistes au compteur.Deux acteurs connus émargent dans "Seven sisters" et font très bien le job,qu'il s'agisse de Glenn Close,lifting au maximum,en scientifique cinglée,ou de Willem Dafoe en grand-père psychorigide.Des comédiens moins en vue occupent talentueusement le second plan,ils se nomment Marwan Kenzari,Pal Sverre Hagen,Christian Rubeck,ou la petite Clara Read qui mine de rien accomplit le même exploit que Noomi ,avec évidemment moins de présence à l'écran,puisqu'elle interprète les soeurs enfants de façon bluffante.