What happened to Monday?, voilà la question que je me pose en regardant Seven Sisters un mardi. Pas de franche nouveauté, car le film se place en juste milieu entre Minority Report et Les fils de l’Homme, régénérant presque le genre de la dystopie portée par une méchante dirigeante prétendument humaniste (coucou Divergente et Le Labyrinthe) avant que la police vienne tumultuer partout.


On parle plutôt ici des filles de l’homme, Willem Dafoe, figure paternaliste idéale dominant l’enfance des sept sœurs jumelles (incarnées par Clara Read enfants) qui aurait valu un plus long détour, car elle aurait contextualisé les émotions et maquillé la grande mollesse du scénario quant à gérer des états de choc presque absents des déchirures familiales et une émotion dont la rareté n’est pas excusée par l’action permanente.


Le casting de Noomi Rapace dans les sept rôles adultes est parfait. Il est dépassé de parler de prouesse technique, par contre l’immersion de la fratrie dans un monde régi par la politique de l’enfant unique vaut le coup d’être notée, et le casting était d’autant plus important que Rapace ne joue pas sept personnages… mais sept actrices. C’est vraiment tout ce qui compte à la racine de Seven Sisters : les sœurs elles-mêmes, la façon dont elles apparaissent sans rendre l’impression de vide qui a dû hanter le tournage. Sept personnes à partir d’une seule ? Ça aurait dû laisser des traces, pourtant on n’en voit rien. Trop d’efforts ont été fait dans ce sens, d’ailleurs, car les personnalités sont exacerbées, surplus de clarté offert avec nonchalance au spectateur qui serait perdu – croit-on – si les jumelles se ressemblaient trop.


J’ai attendu que passe un jour pour arrêter mon avis, car l’œuvre de Wirkola est à la limite entre une belle innovation et une redite qui gâche sa créativité dans des scènes policières lui faisant perdre à la fois son intimisme et sa portée sociétale. Le film est de ces spécimens de divertissement qui tentent d’ébranler notre société réelle avec de la fiction : il est une vraie critique de la surpopulation et ne se contente pas de balancer des effets spéciaux (français, d’ailleurs) pour nous distraire avec un futurisme à moitié hérité d’une volonté de renouveller notre vision de l’avenir informatique (pas mal, ces hologrammes dans la paume). Mais c’est une vocation totalement éventée.


Quantième Art

EowynCwper
5
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le 20 oct. 2019

Critique lue 118 fois

Eowyn Cwper

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