Ridley Scot est un génie, au génie intermittent. Seul un génie est capable de donner vie, en moins de deux heures, à un univers original, complexe et persistant. Je dois au créateur de Blade Runner et d’Alien une part importante de mon imaginaire. J’ai vécu des années durant, à Los Angeles, en 2019, au côté de Rick Deckard. Mes rapports avec le lieutenant Ripley sont plus distants. J’avoue n’avoir jamais osé mettre le pied sur le pont du Nostromo, malgré mon admiration pour Sigourney Weaver. J’ai acquis l’essentiel de ma culture de la guerre asymétrique aux côtés des marines et rangers de La chute du Faucon noir. Si Gladiator ne m’a guère enthousiasmé, j’admets que l’antiquité ne m'attire pas. Le reste de la filmographie de sir Ridley Scott est plus classique, mais combien d’artistes peuvent se prévaloir d’un tel palmarès ?


Les frères Scott ont commis de solides films de genre : Top Gun, Le Flic de Beverly Hills 2 ou L’attaque du métro 123 pour le petit frère, Thelma et Louise, American Gangster et Robin des Bois pour le grand. L’ambition y est moindre, mais honorable : il s’agit de nous distraire en plongeant un groupe d’acteurs dans un univers connu. Le scénario est prévisible, seule compte la direction d’acteurs. Seul sur Mars est un bel et ambitieux exercice de style, alliant le film catastrophe, le survival horror et la science-fiction. C’est Robinson Crusoé abandonné au sommet de la Tour infernale. Le film repose sur les épaules de Matt Damon, qu’il vaut mieux que son image de doublure de Jason Bourne. Sa prestation égale celle de Tom Hanks dans Seul au monde.


Mark Watney est laissé pour mort sur Mars. Contre toute attente, il survit et fait preuve d’une énergie et d’une créativité hors du commun. Il parvient à contacter la NASA, qui se doit de tout mettre en œuvre pour le récupérer. Vous connaissez le principe d’un film catastrophe : tout ira de mal en pis. A chaque danger, Mark fait face, survit et s’apaise, soulagé. Nous seuls savons que, plus dure encore sera l’épreuve suivante. L’imagination des scénaristes est sans limites.


Trois points faibles. Les séquences sur Terre m’ont paru interminables, je n’ai que faire des démonstrations d’amitié sino-américaine et des mouvements de foules anglo-saxonnes. Je déplore, par contre, que M. Scott n’est pas d’avantage développé les rapports entre Mark et l’équipage de l’Hermès, leurs rôles sont parfaitement définis et magnifiquement interprétés par Jessica Chastain (le commandant), Michael Pena (le pilote), Sebastian Stan (le docteur), Aksel Hennie (l’astronaute allemand) et Kate Mara (l’informaticienne). Curieusement, le seul personnage à ne disposer ni d’une famille, ni d’une vie antérieure, est notre héros. Nous ne saurons rien de Mark. C’est étrange, mais probablement destiné à faciliter notre identification. Tout aussi hors du commun aussi est sa résistance à l’isolement. Il jure peu, plaisante souvent, mais jamais ne se décourage. Si Mark manque de profondeur, avouons qu’il répond aux canons du genre : un gars solide et résilient !


Juin 2017

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le 31 oct. 2015

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Step de Boisse

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