Question de survie

Bon, on va commencer par les bonnes nouvelles et puis ça va se gâter (j'annonce la couleur). Côté technique : rien à dire. La qualité relief /3D/effets spéciaux est au rendez-vous. L'immersion est bonne. Le rythme parfois haletant (à l'américaine). L'interprétation de Matt Damon est séduisante, son personnage attachant. Presque trop présent. Forcément, me direz-vous, puisque que c'est l'acteur principal et qu'il est seul sur Mars :-).

Ben non, justement il n'est pas seul et le problème est que les seconds rôles ne sont que des faire valoir sans véritable consistance. L'humour est plutôt lourd, on ne rit pas. On sourit à peine (ou alors c'est que je n'étais pas dans un bon jour ou le doublage mauvais).

De plus, le "positivisme à l'américaine" est (une nouvelle fois) un peu trop appuyé. Ah l'Amérique triomphante pour laquelle rien n'est impossible ! Qui s'allie ici à la Chine. Appel du pied ? Ou pied-de-nez à la Russie ? Cette toute puissance est tellement exagérée qu'on tombe dans l'invraisemblable, qu'on glisse dangereusement vers la propagande.

Ce qui nous amène au scénario : très décevant et si prévisible (sans bon scénario pas de bon film, je n'invente rien). Où est le Ridley Scott de "Blade Runner" ? Vous savez ce que je me suis dit en sortant de la salle ? Je viens de perdre 2h20 ! Et je préfère de loin "L'Homme irrationnel", que j'ai vu récemment, plus modeste et moins tape à l’œil. Ou les Scorcese qu'Arte vient de diffuser.

Oui, vraiment, l'amateur de SF que je suis s'est senti frustré. Mais, tout comme dans le dernier Woody Allen, j'ai vu de très belles images. C'est déjà ça.

PS : quelque temps avoir rédigé cette critique (sur "Allociné" au départ, soit avant que je devienne totalement addict à "Sens Critique" ; donc je recycle, ou plutôt je transfère), j'ai lu le livre. Je dois être maso ! En fait, pas trop, puisque je voulais voir s'il serait meilleur, ou plus intéressant, que le film. Ben non : même cruelle déception. On dirait d'ailleurs (c'est de plus en plus souvent le cas, me semble-t-il) que le livre a tout spécialement été écrit pour être adapté au cinéma (trans-média ?). Je ne crois pas dire de bêtises en écrivant qu'il ne s'agit pas ici d'une novélisation. Le bouquin a bien été écrit avant le film.

Il y aurait une bonne grosse thèse à faire sur les relations littérature-cinéma. Mais je suppose que c'est déjà fait...