Un temps envisagé sous la direction de Steven Spielberg, Spike Lee, Michael Mann et surtout Lee Daniels, le scénario de Paul Webb, revenant sur les marches de Selma en Alabama menées par Martin Luther King en 1965, prend finalement vie par le biais de la cinéaste Ava DuVernay.


Blindé de récompenses, Selma se concentre avant tout sur ces événements ayant marqué la lutte pour les droits civiques, soucieux de proposer un récit documenté mettant à jour les difficultés rencontrées et surtout les violences et les intimidations qui eurent lieux. Le film ne rechigne pas à montrer toute la tension et la haine qui caractérisèrent ce moment, ce qui constitue la principal qualité d'un long-métrage bien trop didactique.


Nourri de bonnes intentions et carré dans sa mise en scène, Selma peine malheureusement à atteindre l'émotion tant désirée, s'apparentant davantage à un exposé appliqué qu'à un pur film de cinéma. La faute principalement à un script enchaînant bien trop mécaniquement les séquences importantes et survolant forcément beaucoup d'aspects (la rivalité entre King et Malcolm X est réduite à une pauvre scène et la mort de ce dernier est tout juste évoquée), tout en oubliant de construire de véritables personnages, ici bien trop écrasés par leur rôle dans notre histoire.


Constitué d'acteurs peu connus pour les rôles principaux et d'autres plus confirmés pour les plus modestes, le casting fait le boulot, même si aucune prestation ne parvient à sortir du lot. La participation de têtes bien trop connues (Oprah Winfrey en premier lieu), aurait d'ailleurs tendance à nuire à l'ensemble, même si leur composition n'est absolument pas à remettre en cause.


A partir d'un sujet fort et passionnant, Selma n'arrive malheureusement pas à être autre chose qu'un simple cours d'histoire, aussi agréable soit-il. Bien que soigné dans sa mise en images, à laquelle il convient d'ajouter une très belle bande originale, il demeure bien trop scolaire et dénué de nuances pour convaincre totalement.

Gand-Alf
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mon cul devant la télé ou au ciné en 2016. et 2015.

Créée

le 17 févr. 2016

Critique lue 889 fois

18 j'aime

2 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 889 fois

18
2

D'autres avis sur Selma

Selma
Morrinson
1

"Blue Collar", tu connais ?

Ce film est à gerber, et ce pour deux raisons (au moins). La première raison, c'est la confusion savamment entretenue entre authenticité et licence artistique. Une ligne de démarcation floue, aux...

le 30 déc. 2015

22 j'aime

18

Selma
Gand-Alf
5

Jesus Walks with Me.

Un temps envisagé sous la direction de Steven Spielberg, Spike Lee, Michael Mann et surtout Lee Daniels, le scénario de Paul Webb, revenant sur les marches de Selma en Alabama menées par Martin...

le 17 févr. 2016

18 j'aime

2

Selma
VictorHa
5

Fight the Power ! (in an academic way)

Je me pose une question depuis cette après-midi (et aussi avant de voir le film), et si le manque de nominations de "Selma" aux Oscars n'était pas à cause d'un problème de diversité (hypothèse qu'on...

le 12 mars 2015

13 j'aime

3

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

207 j'aime

20