En 2011, lorsque sort Scream 4, son scénariste Kevin Williamson tease déjà un Scream 5 et un Scream 6, annonçant à qui veut l’entendre que des scripts sont déjà prêts. Scream 4 est un échec commercial et ce 5ème et 6ème opus sont donc mis au placard. Mais en 2021, après une série Scream des plus moyennes mais au succès malgré tout correct, la franchise est sortie du placard et un Scream 5 est mis en chantier pour une sortie en 2022. Le film s’appellera Scream (le 5 disparait) et c’est un très joli succès au box-office. 137M$Us rapportés à travers le monde pour 24M de budget, avec un démarrage fulgurant. Devant le succès immédiat, à peine trois semaines après cette sortie, un 6ème film est déjà annoncé avec la même équipe technique et une partie du casting qui revient. Et sincèrement, ce n’était pas nécessaire… Je ne m’attendais à rien de bon après avoir souffert lors de ce Scream 5 qui prenait les gens pour des cons, mais même mes attentes les plus basses n’ont pas été satisfaites. Ce Scream 6 est à l’image du 5 : une purge paresseuse bien trop longue pour ce qu’elle raconte. Attention, cette chronique comporte sans doute des spoilers.


Scream 5 reprenait en gros les mécaniques du premier film de la saga, allant jusqu’à faire revenir (sous forme de vision) Billy Loomis et en faisant donc sauter le 5 de son titre pour s’appeler simplement Scream. Ce Scream 6 lorgne du côté de Scream 2 avec par exemple une délocalisation (qui n’apporte strictement rien), ou des méchants qui ont les mêmes motivations que la mère de Billy Loomis dans ce 2ème film. Mais à aucun moment il ne parvient à capturer la « magie » de Scream, l’essence même des débuts de la saga. L’absence d’humour typique des premiers films y est pour beaucoup. On a l’impression de voir un film d’horreur comme les autres, un mauvais film d’horreur qui plus est. Les premiers Scream étaient sortis à une époque où les rebondissements dans les films étaient encore un peu inventifs, tentaient des choses, et arrivaient à surprendre le spectateur (qui avait vu venir le coup des deux tueurs en 1996 ?). Dans Scream 6, tout comme dans le précédent, tout est prévisible, avec des rebondissements qu’on voit venir à des kilomètres. La formule est clairement éculée et le résultat est un film extrêmement paresseux avec des méchants mal écrits, mal dépeints. Les répliques de Ghostface sont probablement les pires qu’on ait entendues dans toute la franchise, et les dialogues de manière générale sont ratés. Ils se veulent intelligents, avec des scénaristes et des réalisateurs qui semblent vouloir passer le message que « hey, vous avez vu, on est intelligents ». Bah non, vous ne l’êtes pas. Scream 6 va continuer de jouer à fond le jeu du meta initié par le 5, avec des personnages conscients d’être dans un film d’horreur, qui en connaissent les codes car ils étudient le cinéma, car il y a eu 5 films avant et que forcément, ça fait un passif. Et à nouveau comme pour Scream 5, ça se vautre lamentablement dans ce que ça critique. La première fois, on pourrait dire que c’est un accident. La deuxième fois, c’est juste de l’incompétence. Faire un « requel sequel » (ce sont eux-mêmes qu’ils le disent), était-ce réellement utile ? Non. Parfois, il faut savoir laisser reposer en paix une franchise qui n’avait plus grand-chose à raconter.


Le jeu des acteurs est plutôt correct, même si on a l’impression que certains ne croient pas à ce qu’ils font (Jack Champion) ou qu’ils font juste ce qu’ils savent faire (coucou Jenna Ortega et tes mimiques). Avec le retour de plusieurs acteurs de Scream 5, et leurs personnages qui vont avec, on sent une réelle envie de les mettre sur un piédestal pour en faire les nouveaux héros d’une « nouvelle » franchise Scream (sinon, pourquoi les garder en vie pendant deux films ?). Sauf que ces personnages étaient tellement lisses et fades dans Scream 5, et ils le sont toujours ici. Ils sont tellement ennuyeux qu’ils desservent complètement la franchise. On se fiche complètement des drames qu’ils vivent, on se fiche d’eux tout court (sincèrement, qui se soucie des personnages de Chad, Tara ou Sam ?). Courteney Cox semble être juste là pour faire plaisir aux fans dans un second rôle, et pourquoi ressortir du chapeau un personnage de Scream 4 qu’on croyait mort et dont on se fiche éperdument ? Aucun des protagonistes survivants du 5ème film ne meurt, et les tueurs et victimes sont trop peu développés pour qu’on s’intéresse vraiment aux nouveaux venus. Si on prend Scream premier du nom, Skeet Ulrich et Matthew Lilliard avaient quelque chose, ce grain de folie dans les yeux qui les rendaient crédibles. Ici, c’est fade, c’est sans saveur. Heureusement, Neve Campbell a eu la bonne idée de dire non ce coup-ci, cachet trop faible selon certains, pas envie pour l’intéressée de continuer à apparaitre dans une saga qui dure trop longtemps pour d’autres, … Qu’importe, elle a sans doute fait le meilleur choix à l’inverse de Courteney Cox qui aura malgré tout droit à la meilleure scène du film (une attaque dans son appartement).


Une fois de plus, les personnages ont toujours, je dis bien toujours, les réactions les plus connes qui soient. S’ils ont quatre choix devant eux, ils vont toujours prendre le plus mauvais, au point que ça en devient risible. Du coup, ils meurent tous plus connement les uns que les autres tant il y a à chaque fois moyen de s’échapper facilement ou d’envoyer Ghostface ad patres. Et puis bordel, quel foutage de gueule ! Le 5 était déjà très irritant, et celui-là continue sur sa lancée. On sentait déjà avec Scream 5 l’envie d’oublier les quatre premiers films pour repartir sur de nouvelles bases, mais là c‘est encore pire. Ce Scream 6 va même, le temps d’une scène à la Police, jusqu’à spoiler le public qui aurait eu la mauvaise idée de ne pas voir les films précédents, en citant et montrant en photo tous les tueurs depuis le premier Scream. Un bon gros fuck à son jeune public qui n’a peut-être pas encore eu l’occasion de voir la quadrilogie de Wes Craven et qui n’a désormais plus besoin de le faire puisque ce Scream 6 leur a tout spoilé. C’est lamentable. Alors non, je n’ai pas parlé de la mise en scène du film, de sa musique, de sa photographie car ça ne sert à rien : ce Scream 6 est tellement aux fraises que même si sa mise en scène (au demeurant correcte) était géniale, ça ne le sauverait pas du naufrage. Malgré tout, un petit point positif, ce Scream 6 est bien plus brutal que les précédents films de la saga, même s’il reste très gentillet en termes de gore. Les seules choses vraiment gores sont des plans furtifs d’une seconde, le reste n’étant que giclées de sang timides lorsque les coups de couteau sont donnés. Mais on sent un (des) ghostface(s) énervé(s) et c’est à souligner. Certes, c’est bien peu sur les deux heures beaucoup trop longues par rapport à ce que le film raconte, mais on se console comme on peut. Définitivement, mes Scream préférés resteront le 1 et Scary Movie.


Le visionnage de Scream 5 avait était douloureux, celui de Scream 6 l’aura été tout autant. La formule Scream est éculée, il est clairement temps de passer à autre chose et d’arrêter de se foutre de la gueule des spectateurs.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-scream-vi-de-matt-bettinelli-olpin-et-tyler-gillett-2023/

cherycok
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le 29 mai 2023

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