Passé son prologue affreux (si bien que j'ai prié pour qu'ils nous refassent le coup du twist "Eh non, en fait c'était juste le nouveau Stab, on t'a bien eu !" – perdu, c'était bien de la merde au premier degré), qui m'a logiquement fait craindre le pire pour la suite, le film s'avère finalement du même tonneau que le précédent, à savoir (meilleur que ce prologue mais) un slasher parfaitement lambda – et donc indigne de la tétralogie de Craven...
Et cela quand bien même il se fantasme visiblement au-dessus de la mêlée slasheresque (pas sûr que le mot existe) avec son discours méta en fait bêta, et surtout complètement essoré... Alors OK, le procédé a fait les beaux jours de la franchise dans les années 90, et on s'est bien marrés, mais il s'agirait de réaliser que vingt-cinq ans plus tard, le méta niveau "allô les gars, on est dans une suite je vous explique, donc le tueur est maintenant comme ça et dans le prochain acte il va se passer ça mdr", on en a bouffé à toutes les sauces dans plein de trucs de merde et c'est déjà affreusement ringard... (La nouvelle ambassadrice de ce discours depuis deux films étant accessoirement une sacrée tête à claques, ce qui rend ces passages encore plus pénibles.)
Autrement dit, il va rapidement falloir trouver un nouvel avantage concurrentiel à cette franchise, parce que pour le moment, c'est toujours du sous-Scream de la grande époque. Et je suis désolé, mais il ne suffit pas de recycler paresseusement (en être conscient et ironiser dessus n'y change rien) la formule originale pour se hisser à la hauteur de ses prédécesseurs. Comme le 5 avant lui, ce Scream 6 en fait le bruit et en a l'odeur, mais il n'en a ni la malice qu'avait su leur insuffler Craven ni le trio attachant Sid/Gale/Dewey. Et il ne suffit pas de nous ressusciter Hayden Panettiere (qui a pris vingt ans en dix) pour faire plaisir à son fanclub pour compenser les absences de Dewey et Sidney... (Je remercie tout de même les deux réals de ne pas avoir trop enculé les trois personnages originaux, même si j'aurais bien aimé que la réflexion de celui-ci sur Sid qui "mérite son happy end" soit appliquée dès le précédent pour Dewey – de là à croire que cette délicatesse soit née du refus de Neve Campbell de revenir dans celui-ci plutôt que par conviction, il n'y a qu'un pas... que je me refuse évidemment à franchir, n'est-ce pas.)
Mais putain, le nouveau quatuor de héros, c'est juste pas possible... déjà, dans quel monde est-ce que tu mets Melissa Barrera en lead plutôt que Jenna Ortega ? (Et qu'on ne vienne pas me casser les couilles avec sa série Mercredi que je ne regarderai pas, je m'en fous, et je m'étais déjà fait la réflexion à l'époque de Scream 5.) Alors heureusement, cette dernière prend sensiblement plus de place dans celui-ci (l'avantage de ne pas passer la moitié du film à l'hosto comme dans le précédent), mais bon, paye le déficit de charisme de ton héroïne principale, quoi... On est passés de Sidney à ça, sérieux... Puis les deux neveux-nièces de Randy, pfff... Chad encore, ça va ; mais sa sœur, quel enfer...
En plus tous ces personnages se refusent à crever, c'est proprement odieux. C'est à croire que le film se déroule dans un univers alternatif où les coups de couteau sont des piqûres de guêpes... genre ça fait mal sur le coup, puis après cinq minutes c'est OK... tu as perdu un litre et demi de sang mais plus de peur que de mal...
On nous avait déjà fait le coup à la fin du 5ème, on nous le refait ici de plus belle... Tout le monde se prend des sales coups partout, bide compris, mais pas de souci, tous les gentils importants survivent... Même Gale et le Chad, qui se sont pourtant fait martyriser... Tranquille, un bon grog et ça ira mieux demain... et oublie pas l'aspirine, un cachet toutes les 4 heures...
Après, ces quelques reproches évoqués... ça se regarde gentiment... Passé le prologue, comme dit plus haut, c'est du slasher honnête (avec un skin Scream, donc), qui fait montre d'une violence graphique plutôt réjouissante (compte tenu de son interdiction aux -12 ans seulement) et jamais chiant, même si son dernier acte (sans impact) est faiblard... avec un tueur anecdotique (qui a oublié son charisme dans son masque).
Bref, c'est du Scream dévitalisé, sans les principaux charmes de la tétralogie originale, mais qui, pris comme un slasher anonyme, se regarde sans trop de douleur.
A bientôt pour le 7... pour lequel mon petit doigt me dit que l'idée qui en démange certains depuis le 3 devrait finir par débarquer... Elle est en tout cas amorcée ici, via une réplique assez subtile (de mémoire, un truc du style : "Hmmm... tu vois, c'est ça qui avait tué cet ancien méchant... si tu crois qu'il en est bien mort, évidemment... hmmmm"). Et en plus, il coûtera moins cher que Neve Campbell, si c'est pas magnifique, je vous le demande.