Sayat Nova n’est pas un nouvel épisode de la saga Star Trek.
Sayat Nova n’est pas un documentaire sur la découverte d’une nouvelle étoile.
Sayat Nova n’est pas un biopic sur un cheval de course.
Sayat Nova est une mosaïque poétique censée retracer l’univers intérieur du poète arménien du XVIIIe siècle Harutyun Sayatyan. Achik (c’est à dire à la fois poète et chanteur) s’accompagnant du kamântche (une sorte de vielle à long manche) Sayat Nova est d’abord poète de cour avant de se retirer dans un monastère, tombé en disgrâce après être tombé amoureux de la sœur du roi. Voilà pour la bio. Passons aux pic...tures.
Les plans fixes, les cadrages à la faible profondeur de champ, les couleurs somptueuses, la place accordée aux objets et la quasi-absence de scénario et de dialogues se rapprochent plus d’une succession labyrinthique de tableaux que du cinéma classique.
Pour mieux fragmenter la grenade, fruit qui symbolise l'amour éternel en Arménie, le cinéaste arménien Paradjanov fait jouer le rôle du poète par quatre acteurs différents représentant le poète enfant, le poète jeune, le poète au couvent et le poète vieux.
Mais ce découpage serait trop simpliste et prosaïque : pour fragmenter encore plus, le poète jeune est interprété par une femme (Sofiko Tchiaoureli) laquelle joue également la bien-aimée du poète, une nonne aux dentelles blanches, l'Ange de la Résurrection ??? et un mime.
On le voit Sayat Nova n’est pas d’un accès facile et s’adresse surtout aux amateurs de miniatures persanes ou de poésie transcaucasienne moyenâgeuse. A moins d’aimer les films contemplatifs et hermétiques.