Un excellent Kurosawa.
Cette phrase sonne limite comme un pléonasme, tant la classe de ce réalisateur n'a d'égal que son aptitude à raconter pleins de choses à travers une histoire toute simple en apparence.
Bien que ce film reste à mes yeux un film mineur parmi sa très longue filmographie (alors qu'il m'en reste une infinité à voir), il reste très ambitieux, et pourvu de nombreuses qualités scénaristiques.
L'histoire est certes toute simple, celle d'un samouraï, Sanjuro, qui rencontre par hasard une bande de jeunes guerriers maladroits, parfois un peu cons, voire dénué de toute capacité cognitive. Il décide bon gré mal gré de les aider à déjouer un complot contre d'autres guerriers japonais. Un peu comme des chevaliers reclus qui voulaient sauver le roi emprisonné par des méchants ennemis, pour être plus "occidentalement parlant" (oui ok, je ne m'y connais rien à la civilisation japonaise féodale, mais on s'en tape finalement.....)
Au début on n'y croit pas trop, car on n'arrive pas à s'imaginer comment un samourai et dix ahuris puissent renverser le pouvoir d'une armée entière... Mais, finalement, on prend un malin plaisir à voir se déjouer le plan de reconquête du territoire, et à voir s'enchevêtrer les relations entre les différents clans.
Ce film, au format relativement court laisse très peu de place à l'action comme peut l'être Les Sept Samourai, mais offre une place plus importante à des dialogues savoureux et à un rendu totalement burlesque de certaines scènes savamment écrites. Ajoutez-y des jeux de montage qui font à chaque fois mouche, et un scénario simple mais réussi, et le tour est joué. A noter également l'extrême tension du combat final, dont la brièveté du dénouement peut encore une fois penser à certains duels dans des western spaghetti, ou à du Tarantino tout craché. Oui, le maître japonais aura engendré une multitude de disciples, toutes générations confondues.
Mais par dessus tout, la grande star qui perce l'écran s'appelle Toshiro Mifune. Les automatismes de direction d'acteur entre Kurosawa et Mifune servent davantage à souligner et mettre en valeur l'attitude irritante mais extrêmement intelligente de Sanjuro, et par conséquent magnifier toute la classe de Mifune, C'est un vrai régal de le voir à l'écran, se moquer de ses compagnons et de prendre à défaut tous ses ennemis, avec une facilité et une nonchalance déconcertantes.
Je reviens encore dessus, mais c'est dans ce genre de film que l'on peut constater la forte influence du génie japonais sur un autre futur génie italien, Sergio Leone, de part sa manière de créer des situations burlesques et placer des bonnes punchlines aux bons moments, et de forger certains personnages comme Sanjuro, sa nonchalance et son insolence pouvant refléter une flopée de personnages de westerns Spaghettis. Comme certains personnages "Clint Eastwoodiens", souvent seuls contre tous, mais toujours fiers de l'être.
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