Un bon sabre reste dans son fourreau !

Sanjuro nous apprend plusieurs choses, d'une part, que l'on peut réaliser un film un an après le précédent sans pour autant bâcler une intrigue. Que l'on peut aussi réutiliser le même personnage principal sans le bafouer, le contredire et le ridiculiser. Et enfin, que Kurosawa qui compte une pléiade de chef d’œuvres à son actif, n'en reste pas moins l'un des maîtres du divertissement intelligent.

Le récit nous entraine chez 9 samouraïs qui souhaitent annihiler la corruption qui règne dans leurs clans depuis trop longtemps. C'est lors d'une réunion secrète que nos jeunes rebelles en herbe décident du plan d'action à mener, le problème étant qu'ils sont inexpérimentés, naïfs et facilement manipulables. Ainsi ils sombraient droit dans le piège tendu par l'ennemi avant que Sanjuro, que l'on connait pour ses exploits dans Yojimbo et qui a surpris cette conversation explique qu'ils ont faux sur toute la ligne et qu'ils sont déjà probablement encerclés.
C'est le début d'une intrigue aux multiples rebondissements et d'une alliance atypique qui entrainera nos jeunes samouraïs dans une aventure haletante et pleine de surprises...

Que dire, si ce n'est qu'une nouvelle fois, Kuro nous régale en réutilisant avec brio ce monstre de charisme qu'est Sanjuro. Campé par un Mifune magistral qui sublime chaque facettes de son personnage, notamment par sa gestuelle fluide et naturelle dans les scènes de combat, qui sont de plus chorégraphiées à la perfection, esthétiques et soignées. Fin stratège, cynique, vulgaire, drôle, mais impitoyable si nécessaire, écrit à la perfection, évitant le piège du running gag tout en restant dans la continuité de ce qu'on avait pu voir dans Yojimbo. Sanjuro est fidèle à lui même, fier samouraï se moquant des convenances possédant ses règles de conduites et sa propre vision de la justice, n'hésitant pas à payer de sa personne pour la réussite de ses plans ingénieux mais jamais tarabiscotés.
C'est aussi la mise en place d'une rivalité qui est passionnante dans notre récit, effleuré précédemment entre deux grands samouraïs qui choisissent deux voies radicalement différentes, et qui si elle peut sembler manichéenne de prime abord, nous montre un tout autre visage lors de ce cruel final.

Sanjuro c'est un magnifique exemple de l'évolution du style de Kurosawa, qui à ses débuts choisissait un parfait idiot pour protagoniste principal, adepte de Judo sans le moindre fond derrière. Ici la donne est différente, il choisi un anti héros brillant, mystérieux et complexe qui a les épaules assez larges pour tenir ce récit dans son fond et sa forme. En découle le plus noble des divertissements qui transcende le genre, dans un mélange savoureux, où chaque ingrédient trouve sa place pour notre plus grand plaisir.

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le 29 août 2013

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