El Royale aligne une galerie de tronches typique des 60's sans nostalgie mal placée (c'est salvateur) impeccablement incarnées, la pléiade d'acteurs renommés ne ménage pas leurs peines (même Dakota Johnson est convaincante...) pour les rendre intéressants, charismatiques et faire ressortir leur personnalité.
De plus, le réalisateur multiplie les efforts storyboardés pour agrémenter le tout : belle lumière, bande sonore immersive, découpage en chapitres, le huit-clos dans un hotel atypique (limite Californie-Nevada). Tout ceci restitue assez brillamment une idée de cette décennie et des icônes américaines que l'on peut s'en faire : La fièvre casino mafieuse, les gourous mansonien et leur cour lobotomisée, la vogue conspirationniste et d'espionnage, le racisme, le vietnam ou encore le grand banditisme façon Bonnie and Clyde.
Malheureusement, c'est aussi là que le film pêche. A vouloir brasser une telle multitude de thématique en y mettant en plus la forme, le film est long, beaucoup de ses sujets sont dispensables au mieux et nous ennuie. Par ailleurs cette forme devient par moment gênante, notamment sur la chanteuse et ses parenthèses mélodiques. Enfin, si El Royale s'applique à peu près à tout expliquer, il n'y arrive pas totalement, provoquant des zones d'ombres sur l'histoire quand des annexes se retrouvent bien plus soulignées. Seul au milieu Bridges et son histoire de prêtre s'en sortent très bien.
Un bel exercice de style lorgnant vers Tarantino donc, mais à moitié vide de sens.