Run Lola Run. Burn-out de l'aidant : comment le reconnaître et le prévenir?

Une très beau sujet: aidant de malade.

Un montage et une énergie qui se veulent sans doute l'écho de ce que traversent des familles devant jongler aussi avec un proche malade , en plus de tout ce que la vie leur jette dans les bras et jambes...de vrais artistes de cirque mais infiltrés parmi nous, au travail ou à l'école.

Les aidants ne portent pas sur le visage les secrets de leur double vie.

Quand ils commencent à le faire, c'est que ça sent le roussi...si les stigmates de ces saints laïcs commencent à apparaitre, comme ici sur Mari(ja), c'est que la charge devient encore plus et trop lourde.

Le film s'ouvre d'ailleurs sur une lavement d'un corps nu dont la fin, le drap et plans sur mains lavées, pieds et côtés, me rappellent des représentations du Christ et ses stigmates: comme par exemple celle d'un Andrea Mantegna, "La Lamentation sur le Christ mort".

J'aime beaucoup ce que dit l'autre texte de SC, même si j'ai mieux aimé et vécu le film:

on finit par se "se poser des questions sur le véritable état mental de Marija, dont l'amour semble aller au-delà du possessif". C'est exactement ça; je me suis même mis à douter de ce que c'était passé dans l'appartement...

Mais je crois que c'est justement le sort des aidants qui finissent par fatiguer et passer eux-mêmes pour des malades.

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Je ne crois pas que le chien d'abord libre, croisé de temps en temps, représente la dépression: je crois qu'il peut plutôt être un double de la coureuse, un analogie de la fonction sociétale imposée aux proches d'un malade. Les faillites et trahisons du système transforment en chien-de-garde les proches d'un malade: qui souvent vont se relayer jour et nuit par exemple, tenir la garde comme un bon chien-chien.

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_La scène en asile m'a rappelé les plans aussi en caméra de sécurité sur Brad Pitt et Bruce Willis dans 'L'armée des 12 singes' (sans doute une coïncidence).

_Le montage et la course me rappellent Cours, Lola, cours de Tom Tykwer (1999) et un autre film où une jeune fille travaillant aussi en restauration comme ici, court sans cesse dans le film pour payer une dette?

_Le bonnet du petit-ami peut-être en crise psychotique, ou voulant s'amuser...me rappell00e le bonnet porté par Mc Murphy/Jack Nicholson dans 'Vol au dessus d'un nid de coucous'.

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Le réalisateur, Andrius Blaževicius, insert des plans sur des militaires dans la rue, des jeeps militaires, des ado jouant avec des feux d'artifice rouges explosant..."c'est la santé de la Lituanie" pense l'autre texte de SC. Je ne sais pas.

Je m'étais plutôt dit que c'est une analogie à la Valérie Donzelli , du genre de dire visuellement que La guerre est déclarée? ...mais ici avec une petit-ami tombant malade et pas un petit-enfant...quoiqu'il retombe un peu en enfance...et l'aimante aidante se transforme alors en guérilleros soutenant le morose.

"L'omniprésence militaire dans les rues" faisant pour moi écho au combat des familles, quasi en corps-corps littéralement avec la maladie, voire le malade, surtout lors d'une crise psychotique...

C'est beau le cinéma de relier des pays entre eux par les affres que leurs familles traversent.


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ps: je découvre ensuite sur SC que les personnages du précédent film du réalisateur sont peut-être les même qu'ici ? Sventasis (2016) serait selon SC "Un examen des pressions de la masculinité dans un pays déchiré par la crise.

Vytas (nom du dépressif/ en crise dans Runner) est renvoyé de l'usine (...).

Après avoir perdu tout sens à sa vie, il ne reste plus qu'à Vytas la faible romance entretenue avec une coiffeuse nommée Mari (ja) (nom de l'aidante de Vytas dans Runner) et son obsession pour une vidéo, d'un homme prétendant avoir aperçu Jésus au sein de cette même ville".

Or Runner commence par une sorte de Pièta.

"Le premier film d’Andrius Blaževičius, The Saint, permet de réfléchir à la question de la croyance dans un monde où le désespoir prime sur le quotidien.-Tina Poglajen" (citée par SC)

PierreAmo
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le 25 mai 2023

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PierreAmo

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