Il est toujours debout. A 72 ans, et même s’il a annoncé une dernière tournée (avec plusieurs dates françaises en juin et un retour à Paris en octobre prochain), Elton John est toujours en pleine forme. Et pourtant un biopic, habituellement réservé aux personnes décédées, lui est consacré. Il en est même le producteur. On pourrait donc s’attendre à quelque chose d’édulcoré, une fantaisie façon Bohemian Rhapsody, mais il n’en est rien. John affronte franchement ses problèmes dans un film aussi haut en couleurs que le personnages.


Rocketman s’ouvre sur un enchainement de séquences étonnantes. D’abord, Elton John avance dans un couloir gorgé de lumière comme s’il allait monter sur scène pour finir en réalité aux Alcooliques Anonymes, en costume de scène. On apprendra plus tard qu’il a planté un concert au Madison Square Garden pour aller se faire soigner. C’est devant ses anonymes que le chanteur va déballer sa vie, littéralement se déshabiller, et que nous allons la découvrir. A commencer par son enfance compliquée, puis son ascension et enfin sa chute dans l’alcool et la drogue.


La comparaison avec Bohemian Rhapsody est inévitable. Les films se partagent le même réalisateur (Dexter Fletcher a fini le boulot de Bryan Singer), ils dévoilent la vie de deux rockstars de la même époque et ils sont portés par deux comédiens habités. Avec un avantage pour l’incroyable Taron Egerton, qui dépasse la caricature et s’offre le luxe de vraiment interpréter les chansons en plus d’être physiquement Elton John. Mais Rocketman s’avère être bien supérieur par la fantaisie qu’il dégage, un aspect que ne faisait qu’effleurer le film sur Queen. Ici, les chansons -souvent autobiographiques- sont utilisées pour illustrer la vie du chanteur et très souvent sous la forme de numéros de comédie musicale. Egerton évolue sur des scènes, dans de très longues séquences. Il chante et danse dans des passages semblant venir de Broadway et qui fonctionnent impeccablement.


Même sans vraiment connaitre la vie du réalisateur et en n’ayant en tête que ses principaux thèmes, on se prend quand même au jeu tant la narration est habile et les séquences rythmées, le tout en phase avec l’image un peu fantasque et très colorée qu’on se fait du personnage. Alors, certes, la vie d’Elton John ressemble à celles de beaucoup de stars de la musique de l’époque, son ascension et sa chute n’en sont pas moins passionnantes. Il faut dire que le film n’esquive rien, évoquant frontalement son homosexualité et la difficulté à être gay dans les années 70 et 80 mais aussi son abus de stupéfiants et autres alcools. On voit le personnage ravagé, défoncé. Et on découvre un homme qui n’a jamais été aimé correctement, ni par sa famille ni par les hommes qu’il a rencontré.


Rocketman est un biopic très classique dans son fond, mais qui tente des choses dans sa forme et qui est suffisamment rythmé pour qu’on se prenne au jeu du quotidien d’Elton John. Le tout porté par un Taron Egerton stratosphérique. Comme le dit si bien la chanson :


“You know I’m still standing better than I ever did
Looking like a true survivor, feeling like a little kid
I’m still standing after all this time
Picking up the pieces of my life without you on my mind”

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le 23 mai 2019

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