“La chair, le sang et l’acier !”

Sorti en 1987 au cinéma, “Robocop” se déroule à l’aube du XXI siècle, à Detroit (un choix de ville prophétique, car 30 ans plus tard, Detroit sera l’une des villes les plus touchées par la crise économique). La violence et le crime y règnent en maître. La ville oscille entre modernité et pauvreté à travers des ghettos et des quartiers d’affaires. Un immense chantier de réhabilitation de la mégalopole est sur les rails, son nom : “Delta City”. Derrière ce pharaonique projet, se cache un gigantesque conglomérat, l’Omni Consumer Products (OCP), une multinationale hors-normes regroupant des banquiers, des hommes d’affaires et des militaires. La mort de plus de 30 agents de police en une année à Detroit est un prétexte pour que l’OCP se lance dans le programme ED 209, une police de substitution faite de mastodontes d’acier, armés jusqu’aux dents, censés remplacer les policiers sur le terrain. Mais un désastre lors d’une démonstration (attention âme sensible s’abstenir), sonne le glas du projet et en amène un autre, son nom : “Robocop”. Paul Verhoeven, trois après son déroutant film d’aventure médiévale “La Chair et le sang”, nous livre encore de la chair et du sang, mais avec cette fois, de l’acier en plus, pour les besoins de ce récit du duo de scénaristes Edward Neumeier et Michael Miner. L’agent Anne Lewis (Nancy Allen) se voit affublé d’un nouveau coéquipier en la personne d’Alex J. Murphy (Peter Weller). Les policiers sont à cran car l’ennemi public N°1 Clarence Boddicker (Kurtwood Smith, glaçant !) fait parlait de lui. Après un braquage meurtrier, Murphy et Lewis prennent en chasse Boddicker et ses hommes, les deux agents vont alors tomber dans un piège fatal (ou presque) pour l’agent Murphy. Le futur réalisateur de “Starship Troopers” filme la mise à mort de Murphy avec un réalisme incroyable (une scène absolument indispensable qui témoigne de la violence que veut dénoncer le film). Le projet “Robocop” est lancé et le super-flic Cyborg part en croisade contre le crime. Une criminalité, qui devant la caméra de Paul Verhoeven revêt bien des visages. Paul Verhoeven dépeint avec causticité, un pays en berne, une nation sans avenir, vendue aux puissances de l’argent (le film n’a jamais autant collé à l’actualité.). Bien plus qu’un actionneur de série B avec un titre improbable, “Robocop” est un incroyable pamphlet sociétal dans lequel l’anticonformisme scénaristique (véritable pied de nez au formatage hollywoodien), n’a d’égal que la dénonciation d’un totalitarisme exacerbé, où les chaînes d’informations sont déjà inféodées aux pouvoirs en place (voir le croustillant générique de début). Verhoeven accentue le trait, non pas sans humour d’une société toujours plus divisée, toujours plus inhumaine où l’étincelle d’humanité surgira de la carapace d’acier d’Alex Murphy. Un film indispensable !

RAF43
9
Écrit par

Créée

le 4 août 2019

Critique lue 154 fois

5 j'aime

1 commentaire

RAF43

Écrit par

Critique lue 154 fois

5
1

D'autres avis sur RoboCop

RoboCop
StandingFierce
9

Le Miroir aux Alouettes

-"Hey mec j'ai une super idée!" -"Je t'écoute" -"On va faire un film qui démonte la société de consommation capitaliste." -"Et comment on le vends le film après? pauvre gogol lol" "-T'as raison, on...

le 12 oct. 2013

127 j'aime

34

RoboCop
Sergent_Pepper
8

50% blockbuster, 50% auteur, 100% Verhoeven.

C’est bien à la fameuse politique des auteurs que je dois le visionnage de ce film. Lorsqu’un réalisateur singulier et malin s’empare d’un sujet aussi puissamment commercial, on est à l’affut de la...

le 1 mars 2014

122 j'aime

20

RoboCop
Gothic
9

Human After All

Si vous n’avez pas vu "RoboCop", quittez cette page. Vous avez 20 secondes pour obéir. En surface, ce diamant brut du hollandais peut être perçu comme un simple film d'action, sans profondeur, aussi...

le 14 sept. 2014

86 j'aime

28

Du même critique

47 Meters Down
RAF43
1

"Dans l’océan, personne ne vous entendra crier, de toute façon on s’en fout !!"

Il était une fois deux Américaines, Lisa et Kate, frangines et siamoises, deux têtes pour un cerveau qui s'ennuyaient fermes durant leur séjour au Mexique (c'est bien connu, quand on a vingt piges,...

le 1 oct. 2017

16 j'aime

3

Golem : Le Tueur de Londres
RAF43
8

"La rumeur qui tue !"

Juan Carlos Medina, réalisateur américain d'origine ibérique, s'était fait connaître, en 2012 avec son troublant "Insensibles" et sa horde d'enfants indifférents à la douleur dans une Espagne...

le 24 janv. 2018

15 j'aime

3

Light of My Life
RAF43
8

"La Fille de l'Homme !"

Dans un futur indéterminé, la population féminine a été éradiquée en quasi-totalité par une épidémie (décidément, c’est la mode en ce moment). Un père (Casey Affleck) tâche de protéger Rag (la...

le 3 août 2020

14 j'aime

4