Rêves
7.5
Rêves

Film de Akira Kurosawa (1990)

Succession de scènes tout droit tirées des rêves de Kurosawa, à différents moments de sa vie, ce film nous offre de somptueux moments de poésie sous formes de 8 scénettes que relie cette étrangeté permanente dans laquelle baignent tous les rêves.

Cela commence par deux petits conte fantastiques, mettant en scène des renards dansants et l'esprit de poupées dans un verger dont les indispensables pêchers ont été abattus. Ceux-ci sont aussi fantastiques que perturbants malgré la beauté factuelle des chorégraphies, car chaque conte né ou se conclut d'une pointe de noirceur.

Dès la scénette suivante en effet, nous voilà projetés en pleine tempête de neige jusque l'intervention d'une nouvelle créature mystique, puis vient le tour des véritables cauchemars, où l'on fera connaissance avec des soldats morts au combat avant de vivre une catastrophe atomique majeure (actualité quand tu nous tiens...) et de parcourir une montagne peuplée de fleurs géantes avec un démon nous décrivant son univers post-apocalyptique et mystique à la fois, né d'un holocauste nucléaire. Ces 3 œuvres noires ne seront entrecoupées que d'un seul rêve plus léger faisant intervenir Martin Scorcese en Van Gogh dans un sketch impeccable, appuyé par des effets visuels très réussis.

Le dernier rêve nous permettra surtout de nous remettre de ces émotions, il ne manque pas d'événements étranges non plus, mais il nous permet surtout d'apaiser notre esprit avant le générique de fin, avec une sage histoire de vieux sage plein de sagesse dans une univers onirique où l'on fête la mort lorsqu'elle marque la fin d'une vie bien remplie. Un thème finalement proche de Madadayo. Ce dernier moment aurait pu nous surprendre dans un autre contexte, mais après 2 heures riches de discours, d'images, d'allégories à n'en plus finir, bref en émotions cinématographiques pures, on en appréciera plutôt sa légèreté bienvenue.

Pour conclure, vous l'aurez compris, la vision de ce film est hautement recommandable, et ces moments de rêves couchés sur pellicule (ou support numérique) vous hanteront longtemps après leur visualisation.
sad_punk
9
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le 13 avr. 2011

Critique lue 380 fois

6 j'aime

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