Moi, le matin, je me réveille avec du Huey Lewis. The Power of Love ça s'appelle. Je trouve qu'il y a pas mieux pour se foutre la pêche. A part peut-être les Beach Boys, mais c'est pas le sujet. ça fait 15 ans que j'ai cette chanson comme réveil. Depuis que j'ai vu Retour vers le futur pour la première fois en fait.
Retour vers le futur, c'est un film avec lequel j'ai grandi. Chaque année, invariablement, je me rematais la trilogie. Une sorte de réflexe pavlovien, quand on me disait qu'il passait à la télé, instinctivement j'allais le regarder. Jamais pu lutter.


Alors du coup, Huey Lewis est devenu mon réveil officiel. Mais ce matin il s'est passé un truc bizarre.
Je me suis réveillé avec cette chanson comme d'habitude, j'ai mis mon jean et ma doudoune rouge comme d'habitude, mais à la place de ma voiture il y avait une personne âgée. Une sorte d'Einstein un peu taré, comme s'il avait pris un coup de jus. Il avait un chien qui s'appelait Einstein d'ailleurs.
Attends.
Doc ? Doc Brown ?


Choc. Je regarde par la fenêtre. Une DeLorean. Parce que quitte à prendre une bagnole, autant en choisir une qui ait de la gueule. C'est autre chose que ma Clio.
Habillé en cosmonaute, Doc s'approche. Il commence à divaguer, à parler de "2,21 gigowatts", de "Libyens", de voyage dans le temps... Il répète à tout va des "Nom de Zeus Marty", même si j'ai beau lui répéter que je ne m'appelle pas Marty. Il a pas l'air bien quand même. Il parle à une photo, j'entends vaguement "Comment puis-je générer une puissance pareille monsieur Edison...".


Soudain, Doc sort de sa valise une fiole. Ou plutôt une sorte de container. Avec une tête de mort dessus. Du plutonium ?? Dans mon garage ??
Alors que je lui demande ce qu'il se passe, Doc m'explique qu'il est venu pour me faire revenir dans mon passé. Son but ? Me rappeler ce que représente ce film. Parce qu'à force d'en voir d'autres, je pourrais avoir tendance à oublier selon lui.
Je commence par lui dire qu'il est taré, mais il me réplique que je suis une mauviette.
Mauviette ? Personne ne me traite de mauviette.


C'est vrai que récemment j'ai songé à remplacer Huey Lewis par Kokomo des Beach Boys. Allez, qu'est-ce que ça coûte. Enfin, à part le risque de monter dans une DeLorean fonctionnant au plutonium avec une personne visiblement dérangée. Mes parents m'ont toujours appris à être très ouvert d'esprit.
Je monte, Doc appuie sur la pédale à fond. Il veut atteindre les 88 miles/h. Miles ? En France on parle en km/h mon gars. 142 km/h.
Ah oui, dit comme ça ça rend le voyage dans le temps un peu plus impressionnant. Si tant est qu'on puisse rendre ça plus impressionnant.
88 miles/h. Explosion, flammes. J'allume la radio alors qu'il décélère. Dragostea din tei. NOM DE ZEUS DOC ON EST EN 2003 ! (Mais si vous vous vous rappelez ? Les Roumains qui chantaient sur un avion. Non, pas dans un avion. Sur un avion.)
Le voyage dans le temps marche vraiment ! J'ai à peine le temps de me remettre du choc que je m'aperçois qu'on est devant la maison où j'ai grandi. Doc m'amène ensuite à la fenêtre. Nous sommes au moment où j'ai découvert pour la première fois Retour vers le futur. Je vois donc un mini-moi (rien à voir avec Luc Besson), des étoiles dans les yeux, cloué devant la télé.
Comment aurais-je pu ne pas l'être ?
Voyage dans le temps, skateboard, humour... Un final à couper le souffle. J'aurais rêvé, moi aussi, être à la féérie dansante des sirènes. Voir Georges McFly étaler Biff. Voir Pierre Cardin inventer Johnny B Goode sous les yeux médusés de Marvin Berry appelant son cousin Chuck. Le potentiel culte de ce film était juste trop grand. Même s'il semble ancré dans les années 80, son thème du voyage dans le temps le rend intemporel.


En me retournant vers Doc, je vois qu'il a un grand sourire.
"Alors, t'as compris Marty ?"
Bon, il a visiblement pas compris que je m'appelle toujours pas Marty. Qu'importe, il m'a remis en lumière ce film. Pas un chef d'oeuvre sans doute, mais une oeuvre marquante. Un des rares films que je ne regarde qu'en VF, et ce à jamais. Un des rares films que je regarde sans jamais m'en lasser. Le film préféré de mon enfance.


Au moment de s'en aller, je glisse à Doc :
"Dites-moi Doc, qu'est-ce que vous en pensez vous de ce film ?
- C'est le plus grand film jamais réalisé, un monument de bonheur pour des millions de gens, me répond-il.
- C'est vrai que je l'aime beaucoup, et j'ai grandi avec... Mais quand même, le plus grand ? Je pense que beaucoup de gens en doutent...
- Du doute ? Là où on va, on n'a pas besoin... de doute."

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le 27 juin 2015

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