• Dommage; tu me manques déjà.




Un survival horror convaincant à l'origine d'un divertissement honnête !



Resident Evil de Capcom est la saga de survival-horror la plus culte, célèbre et symbolique de tous les temps. Un jeu éponyme qui trouve son origine en 1996 sur Playstation, pour être finalement adapté en 1997 pour la Saturn et Windows. Un périple horrifique sous tension dans lequel on incarne des membres de l'unité S.T.A.R.S qui se retrouvent piégés dans un manoir où sont domiciliés des hordes de morts-vivants suite à un accident commis par la Corporation Umbrella. Un premier jeu qui à défaut d'inventer le genre sera celui qui lui donnera son nom. À travers les années et les multiples suites et spin off générés par le support original de 96, Resident Evil deviendra une véritable institution qui ne pouvait que finir par être adapté par le support cinématographique. C'est Paul W. S. Anderson qui va s'y coller, et qui portera tout du long cette saga dont il produira les épisodes deux (Apocalypse) et trois (Extinction), et réalisera le quatrième (Afterlife), le cinquième (Retribution), et bien entendu le sixième (Chapitre final) épisodes. Une adaptation cinématographique qui à défaut d'être dans la longueur sur une continuité en adéquation avec l'histoire des jeux vidéo parviendra à s'émanciper de son format pour voler de ses propres ailes. Pour le meilleur, et pour le pire !


Paul W. S. Anderson, cinéaste mal considéré, va dans un style adroit proposer une adaptation convaincante et fidèle de l'esprit du jeu, qui sans exploiter ses personnages mythiques va explorer la richesse du contraste angoissant de ce survival horror mythique. Une version grandeur nature du jeu vidéo sur une ossature de série B efficace évitant toute superficialité autour de la confrontation contre la multinationale surpuissante : « Umbrella Corporation ». La construction du récit s'articule autour d'un bon mélange entre le thriller, l'action et l'horreur, sur un scénario pertinent dans son approche secrète des deux personnages principaux : " Alice " (Milla Jovovich) et " Spence " (James Purefoy), au départ mystérieux car amnésiques et qui peu à peu vont se dévoiler. Une approche dramatique intelligente autour d'une conception scénaristique brumeuse qui lève le voile de son mystère à mesure que les souvenirs des protagonistes reviennent. Le récit s'ouvre autour d'une scène haletante qui prend son temps avec l'expansion du virus T dans un laboratoire qui s'achève sur une séquence en ascenseur particulièrement terrifiante pour les claustrophobes. Commence alors véritablement les hostilités, avec une Alice inconsciente et toute nue allongée dans sa douche, qui se réveille amnésique et perturbée dans un vaste manoir inquiétant. Une première partie située dans un manoir dans lequel on se sent épié et que l'on explore rapidement au grand dam des fans du jeu vidéo, qui aurait voulu passer plus de temps dedans. Seulement, après l'intervention d'un commando, l'histoire nous projette dans les sous-sols du manoir et plus profondément encore dans les profondeurs de la ville de Raccoon City : dans le " Hive ". Un laboratoire de recherche exploité par Umbrella dans lequel est mené dans le plus grand secret des expérimentations génétiques autour du fameux virus T. Après un sabotage une fuite du virus a lieu, contaminant les 500 membres du personnel composés de techniciens et de scientifiques, faisant de ce complexe gigantesque une forteresse démoniaque que l'intelligence artificielle " la Reine Rouge " condamne afin d'éviter toute expansion. Jusqu'à l'ouverture de celui-ci !


Le Hive est un environnement hostile totalement dément, offrant un terrain de jeu idéal à l'enfer développé par un suspense constant. Les structures souterraines apportent un aspect massif formidable avec des angles d'approche idéale autour d'un labyrinthe bétonné avec sa gare souterraine, ses nombreux dédales et autres niveaux. Une mise en scène efficace autour d'une technicité éclairée avec un angle d'approche très intelligent sur les couloirs, avec une caméra qui rend hommage au jeu avec ses prises de vues déstabilisantes laissant penser qu'une créature va surgir au moindre détour. Les espaces sont incroyablement mis en forme avec une conception perturbante du confinement. Le filtre de couleur bleuets est saisissant avec les nombreux miroirs et autres reflets qui renvoient une luminosité en contrechamp hypnotique. La direction artistique autour des décors est formidable de même que les costumes. Le Hive est une entité à part entière qui se révèle être le meilleur personnage du film.




  • Elle m'a mordue ! Elle m'a arrachée un morceau de chair !



L'action prend intelligemment son temps en jouant d'abord sur un aspect intrigant et inquiétant autour d'une sphère labyrinthique qui devient de plus en plus lourde et suffocante. Une action articulée autour d'un véritable huis clos offrant une ambiance angoissante qui laisse aux spectateurs le temps de s'imprégner des environnements glauques, vides, profonds et silencieux, pour finalement se faire bousculer violemment en laissant éclater la tension autour d'une séquence surprenante et inattendu ! Une scène insoupçonnable pour un résultat insoutenable ! Au lieu d'envoyer ses zombies, le cinéaste nous envoie une virevolte scénaristique parfaite, dans laquelle il préfère encore conserver la carte " mort-vivant ", afin de jouer de l'attente du public pour mieux le retourner lors de la fameuse scène du couloir de la Reine Rouge avec son système de défense à rayons lasers. Une séquence culte à l'origine d'un moment radical déroutant. Un grand chapitre à la résultante bluffante, qui s'achèvera sur un retournement de situation : alors que l'on pensait l'ordinateur complètement fou, en le stoppant voilà que le commando libère involontairement les zombies que la Reine Rouge maintenait confinée. La confrontation contre les morts peut commencer ! Des scènes de fusillades convaincantes explosent dans tous les sens avec des fusils-mitrailleurs qui envoient des rafales dans des cadavres qui ne cessent de se relever encore et encore. Les zombies n'ont rien de terrible et se contentent de livrer un service minimum pour le genre. Une approche classique de ceux-ci qui au moins colle avec l'identité père fondateur du jeu qui rend hommage aux vieux films de zombies. Quelques variantes viennent dynamiser ce constat, comme lors de l'affrontement contre les chiens zombies qui est autant jouissif que intense, avec des chorégraphies badass. La confrontation finale dans le train est très sympathique avec un monstre bien affreux dont on ne peut malheureusement pas beaucoup profiter à cause de son design numérique dégueulasse.


C'est là que le film galère, avec des effets spéciaux numériques petits budgets et pas encore très au point, qui amènent des images qui font fausses. Même pour l'époque ce n'était pas terrible. Heureusement, le cinéaste n'abuse pas de cette technique et se contente d'en montrer le moins possible histoire de limiter la casse. Pour compenser cette faiblesse artistique, d'autres forces s'imposent admirablement comme avec les musiques. La composition musicale est démentielle ! Une collaboration entre Marco Beltrami et Marilyn Manson à la résultante inespérée ! Un duo à l'initiative d'Anderson qui a eu un sacré flair en conciliation les deux hommes pour sa partition. Des titres avec des textures à part qui viennent rehausser la tension et l'inquiétude des scènes, surtout avec son titre phare. Un son doté d'une fréquence très étrange qui provoque une froideur d'effroi palpable à son refrain. Une ambiance lyrique angoissante qui provoque des émotions. Un sans faute qui offre une tonalité atmosphériquement édifiante et stridente lors d'un plan final fantastique, où Milla Jovovich s'éveille dans une Raccoon City décimée par les zombies. Déambulant dans les rues saccagées un fusil à pompe à la main, pour mieux prendre l'ampleur du désastre avec un plan qui s'élargit à mesure que fredonne le refrain. Du grand art ! On retrouve également le groupe Spliknot avec le titre " My Plague ", qui deviendra le clip officiel du film.


Côté personnages, bien que le film se passe des vedettes iconiques du jeu vidéo (ce qui n'est pas forcément pour me déplaire car au moins les originaux ne sont pas mutilés), on découvre une palette de protagonistes intéressants incarnés par des comédiens à la hauteur. Milla Jovovich sous les traits d'Alice est charismatique ! Une héroïne mystérieuse et badass qui fracasse des zombies avec des coups de pied foudroyant.
Avec son air hagard, son visage fragile et ses yeux troublants, son attitude guerrière contraste tout dans une mouvance qui la rend hyper sexy ! Dans sa moitié minijupe/robe longue rouge bordeaux avec ses bottes noires et son manteau en cuir, elle en jette un max ! James Purefoy pour Spence, est un peu plus en retrait que sa camarade mais parvient tout aussi bien à poser son jeu ténébreux et énigmatique. Eric Mabius pour Matt, est un peu plus discret mais parvient à se montrer convaincant dans les instants opportuns. Viennent les membres du commando, à commencer par Michelle Rodriguez en tant que Rain. Elle incarne une soldat déterminée qui fonce droit devant avec courage pour accomplir sa mission. Un rôle qui colle parfaitement à la comédienne. Martin Crewes incarne Kaplan, l'ingénieur informatique de l'unité. Un personnage sympathique qui physiquement aurait pu faire un bon Chris Redfield. Enfin, Colin Salmon pour One, le chef de l'escouade, qui connaîtra l'une des morts les plus emblématiques et uniques du cinéma. Un comédien que l'on retrouve régulièrement dans ce genre de rôle secondaire et qui a une bonne gueule.



CONCLUSION :



Resident Evil réalisé par Paul W. S. Anderson, en tant que toute première adaptation de la célèbre franchise de jeux vidéo horrifiques par Capcom, est un premier film convaincant qui à défaut d'être fidèle avec ses personnages originaux, le sera avec son contraste survival horror. Une pièce atmosphérique angoissante sous une frénésie culminante articulée autour d'un décor oppressant savamment mis en scène avec des comédiens motivés, guidés par une composition musicale incroyable. Resident Evil marque également la rencontre entre le cinéaste et sa future épouse, Milla Jovovich, avec qui il file le grand amour depuis de nombreuses années.


Quelque chose me chiffonne, que ce soit l'atmosphère, le cadre, la sensation, l'horreur, l'action, la musique, la mise en scène, tous sont solides et familiers à l'esprit Resident Evil, autour d'une distribution visiblement impliquée qui en plus a eu l'intelligence de conserver un attrait accessible pour les non initiés à la franchise. Alors... Pourquoi tant de haines ?




  • Toi je pourrais t'embrasser!


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le 14 mai 2022

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