Un simple reportage sur une intervention de pompiers tourne à l'horreur totale lorsqu'ils se retrouvent piégés dans un immeuble bourré de zombies enragés. La survie s'organise alors autour d'un petit groupe de personnalités hétérogènes.
Un postulat de départ qui rappelle beaucoup d'autres films d'horreur, une histoire que l'on croit connaître d'avance... pourtant... le film transcende son histoire grâce à son traitement.
L'action est filmée à travers une caméra unique, portée à l'épaule. Un partit-pris qui n'est pas inédit (le projet Blair Witch vient immédiatement à l'esprit) mais assez rare et qui est ici maitrisé de façon exceptionnelle.

La première raison est le dynamisme avec lequel les choses se passent devant la caméra. Plutôt que de l'agiter dans tous les sens, on a ici une caméra souple et mobile qui capte ce qu'il y a à capter dans des plans judicieusement composés sans pour autant perdre en spontanéité. Les réalisateurs jouent aussi beaucoup sur les lumières : celles de l'immeuble, celles de l'extérieur, celles de la caméra. Un jeu d'éclairage là aussi très dynamique et inventif se met en place pour renouveler naturellement les séquences du film.
La seconde raison est que le procédé n'est PAS un gimmick gratuit, comme c'est trop souvent le cas. La caméra portée est justifiée. Plus important encore : le fait qu'elle filme sans arrêt est parfaitement justifié aussi, la caméra-personnage a une vraie raison de ne pas s'arrêter.
En effet on est ici avec une paire de reporter (le caméraman et la présentatrice, fort jolie au demeurant) qui voient leur reportage de télé locale se transformer en véritable scoop d'une ampleur sans précédent.
Le voyeurisme du spectateur (qui veut du sang et de l'action) rejoint donc celui de la caméra-personnage, leurs buts convergent et ainsi le procédé devient parfaitement transparent et légitime. Un aspect trop souvent négligé par la génération Youtube (Cloverfield qui témoigne d'une bêtise crasse à ce niveau) mais pourtant essentiel avec un procédé de mise en scène aussi visible. De tout ceci nait aussi une certaine réflexion sur le pouvoir des images (tout ceci n'est vrai que si on le montre) et sur le voyeurisme et la soif de spectaculaire (une phrase de notre présentatrice qui résonne une seconde fois juste avant le générique de fin).

Et puisque l'audience veut du sang, de la violence, puisque la caméra le veut aussi, Paco Plaza et Jame Balaguero y vont à fond, de manière frontale et choquante.
Les séquences violentes abondent et sont souvent mémorables. La paire de réalisateurs ne s'encombre d'aucune bienséance et donc d'aucune d'hypocrisie non plus. On nous promet un "rollercoaster" viscéral et sanglant et c'est exactement ce qu'on a.
Le scénario fait dans l'efficacité et la simplicité. Unité de lieu, unité de temps. Le rythme du film est ainsi implacable, les choses s'accélèrent, les rebondissement s'enchainent dans un crescendo parfaitement maitrisé. On démarre l'air de rien, on bascule doucement dans l'angoisse et on finit dans une course effréné, sur les rotules. Le final est d'ailleurs particulièrement intense et bien trouvé.

Bien sûr il y a quelques grosses ficelles et surtout quelques personnages un peu idiots qui font des choix complètement cons juste pour relancer l'histoire. On a ainsi un infecté/zombie/enragé qui est enfermé dans une salle de bain et les gens "sains" ne trouvent rien de mieux à faire que de discuter devant la porte de cette salle de bain... une porte qui comporte une partie vitrée... donc fragile. Arrive donc ce qui devait arriver.
Un exemple des quelques rebondissements un peu forcés qu'on aurait pu nous épargner.
Cependant ce genre de problème reste marginal et l'efficacité du film couplé à l'intelligence de la mise en scène font qu'on se laisse bien volontiers porter par cette histoire.

Rec est donc l'exemple typique du bon film de genre, à la fois burné et maitrisé. Un film qui doit beaucoup à son duo de réalisateurs, un duo qui a parfaitement pensé sa mise en scène, un duo qui a su offrir la meilleure approche possible. En résulte un film à la réputation non usurpée : un pur moment de terreur, de brutalité et de tension.
Vnr-Herzog
8
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le 5 mars 2011

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