Tellement vrai : Je suis atteint d'eczéma
Quentin Dupieux nous offre avec Réalité un puzzle complexe et délirant.
La plupart des films du genre (même si Réalité se pose difficilement dans un seul genre) amène après le visionnage à remettre en place chacune des pièces qui nous a été donnée, afin d’interpréter les images, comprendre cette sorte de chaos. Mais avec Réalité, il est plus difficile de faire cela pour plusieurs raisons, au point que l’on peut se demander si tout ce qui nous a été montré à un sens, ou si c’est juste le réalisateur qui s’amuse, sans permettre une réelle compréhension de son œuvre. A moins que la compréhension ne se fasse que dans l’incompréhension.
La réalité s’inscrit longuement au début du film, le titre restant inhabituellement longtemps à l’écran. La réalité sera rendue tout aussi inhabituelle dans le film. Elle sera surtout constamment distillée dans l’irréel, le rêve, la comédie.
Le film joue souvent sur la perception du spectateur. Quand une séquence nous paraît « réelle », un événement survient et nous fait comprendre le contraire. De même, des événements totalement absurdes nous sont présentés comme pourtant bien vrais. Reste l’aspect le plus compliqué du film de Dupieux : Que comprendre lorsqu’un personnage A que l’on perçoit comme « faux » rencontre un personnage B que l’on perçoit comme « vrai » ?
La scène la plus marquante du film appuie fortement cette confusion entre réel et irréel. Plus on s’éloigne de la réalité, et plus on s’en approche. Un écran, dans un écran, dans un écran. La réalité du spectateur, sa vision au sens premier, se réduit alors à un simple écran de plus. En nous faisant prendre conscience avec brio de notre état de spectateur, le film nous amène alors au même point que les personnages… La scène se termine d’ailleurs de manière assez géniale, qui amène un peu d’ampleur à cet univers tout de même un peu trop plat.
Dupieux semble également à la fois s’éloigner et renforcer ses idées de cinéastes. Si son nouveau film est totalement fou et peut encore amener aux comparaisons avec Lynch, il en oublie presque d’être drôle.
Les dialogues semblent plus basiques, les situations pas si comiques. On sourit plus qu’on ne rit.
Toutefois, « Réalité » est un film intriguant et dont la durée ne peut qu’être en son avantage. Mais après un premier visionnage, difficile de le définir pleinement : œuvre accomplie ou brouillon incomplet ?
Je mets 7/10 car le film ne m’a pas totalement convaincu mais comporte des scènes très intéressantes. Mais il est difficile de mettre une note, en réalité.