Un film nécessaire avec une esthétique pop mais qui reste trop prévisible et lent

Wanuri Kahiu arrive en 2018 avec son premier long-métrage de fiction Rafiki, après plusieurs courts et documentaires. Ce dernier est le premier film kényan sélectionné à Cannes. Une grosse polémique a eu lieu autour du film car le Kenya Film Censorship Board a interdit sa projection or la réalisatrice porta plainte et la justice lui autorisa une semaine de diffusion pour lui permettre seulement de concourir aux Oscars. Face au fort succès du film pendant cette semaine d’exploitation, la communauté LGBTQ+ décida d’organiser des séances gratuites dans des lieux tenus secrets.


Mais pourquoi une telle censure me direz-vous ? Et bien parce que le film est inspiré du livre Jambula Tree de Monica Anac de Nyeko qui décrit l’histoire de deux femmes se rencontrant, devenant amies pour finalement tomber amoureuses l’un de l’autre. Elles sont alors confrontées aux préjugés de leurs parents et voisins homophobes, à Nairobi, dans une société kenyane conservatrice. Les deux têtes d’affiches sont Samantha Mugatsia (Kena) et Sheila Munyiva (Ziki) dont c’est le premier rôle pour toutes les deux.


J’ai presque mis la moyenne plus pour ce que le film représente que le film en lui-même. La réalisatrice a dit que pendant ces cinq années, durant lesquelles elle travaillait sur le film, elle a senti une montée d’un climat homophobe en Afrique de l’Est. Je trouve que le film a encore plus d’importance dans ce contexte, pour l’acceptation de soi des personnes obligées de se cacher à cause de leurs sexualités. C’est navrant mais des pays comme cela existent encore de nos jours ; le plus gros atout du film est qu’il traite justement bien de cette peur du coming-out face aux conséquences dans ce pays. Le générique de début pop et dynamique annonçait un film du même genre or ce n’est pas le cas. Certes certaines scènes sont certes sympathiques esthétiquement mais là où le film pêche est sur la présence de beaucoup trop de plans mal faits ou déjà-vu. Le film reste également trop caricatural selon moi surtout pour les deux personnages principaux. Kena fait du skate, du foot, ne traîne qu’avec des garçons et elle-même est un garçon manqué. Face à elle, Ziki est tout l’inverse avec une manucure fluo, des rajouts très colorés et invente des petites chorégraphies avec ses deux meilleures amies. On a également le personnage de Mama Atim, la grande comère du quartier qui lance tous les problèmes. Autre problème : le rythme qui est trop lent avec quelques longueurs même si le film ne dure qu’1h22. Le scénario quant à lui est beaucoup trop prévisible avec quelques incohérences


(à la fin du film, elles sont découvertes et se font toutes les deux lynchées or quelques jours plus tard, elles se revoient l’une chez l’autre sans problème avec les parents à côté)


Les musiques sont ultra-présentes et superflues, elles sont là alors que sur certaines scènes des silences auraient suffis, donnant même un rendu plus intéressant.


Rafiki est en conclusion, un film nécessaire avec une certaine esthétique pop et colorée mais qui reste trop prévisible et un peu lent.

Enjoymovie
4
Écrit par

Créée

le 2 oct. 2018

Critique lue 1.3K fois

5 j'aime

Enjoymovie

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

5

D'autres avis sur Rafiki

Rafiki
Enjoymovie
4

Un film nécessaire avec une esthétique pop mais qui reste trop prévisible et lent

Wanuri Kahiu arrive en 2018 avec son premier long-métrage de fiction Rafiki, après plusieurs courts et documentaires. Ce dernier est le premier film kényan sélectionné à Cannes. Une grosse polémique...

le 2 oct. 2018

5 j'aime

Rafiki
D-Styx
7

Un petit vent de renouveau souffle sur le cinéma Africain !

Cannes 2018 - Jour 2 Contrairement à son collègue cinéastes Kirill Serebrennikov- réalisateur du film Leto (l'Eté), présenté le même jour à la compétition cannoise - assigné à résidence en Russie et...

le 10 mai 2018

5 j'aime

1

Rafiki
RoideTrêfle
7

BIG BROTHER IS WATCHING U. Kenya. An 2018...

Rafiki, by Wanuri Kahiu Il est étrange de constater que peu de choses ont changées depuis 1984. Lassée, pourtant des films redondants sur l'homosexualité, et qui se produisent comme des petits pains...

le 7 oct. 2018

3 j'aime

Du même critique

Manifesto
Enjoymovie
7

Une Cate manifestoment éblouissante

Manifesto, est le premier film de Julian Rosefeldt, artiste allemand dont le travail consiste principalement en la création de films très visuels qu’il expose lors d’installations artistiques. Le...

le 30 mai 2018

3 j'aime

Edmond
Enjoymovie
8

Un récit sur la création mythique de Cyrano de Bergerac plein d’humour et de dynamisme

Alexis Michalik, acteur aperçu dans Sagan, Tout pour être heureux ou encore dans des séries TV policières comme Diane, femme flic mais également scénariste et metteur en scène arrive en ce début 2019...

le 15 janv. 2019

2 j'aime

Diamantino
Enjoymovie
6

L'ovni portugais de cette année

Diamantino est une comédie portugaise réalisée par Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt. Tous deux ont déjà réalisé plusieurs courts-métrages mais ils ont décidé de se lancer ensemble pour leur premier...

le 5 déc. 2018

2 j'aime