Un grand classique d'infiltration commando durant la Seconde Guerre mondiale !



  • Notre homme a été abattu à 2 heures ce matin. Les forces alliées ont sagement attendu jusqu'à 10 heures pour nous prévenir. Ce qui est sacrément idiot de leur part. Et ce qui l'est encore plus, c'est de ne pas avoir suivi nos conseil. Enfin... Il se trouve dans une ville du nom de Werfen, au château des Aigles, le Schloss Adler. Croyez-moi, il porte bien son nom, seuls les aigles peuvent l'atteindre. Notre mission est d'y pénétrer et de le faire sortir le plus tôt possible, avant que les Allemands n'obtiennent de lui des renseignements.

  • Comment savez-vous qu'il est là-bas ?

  • Le Mosquito dans lequel il était s'est écrasé à environ 15 km. Le Schloss Adler est le quartier général des services secrets allemands du sud de la Bavière. Dans quel autre endroit pourrait-il être ?



En 1968, le cinéaste Brian G. Hutton propose avec Quand les aigles attaquent l'un des films de guerre les plus mémorables et les plus remarquables qu'il m'est était donné de voir. Sur un scénario original d'Alastair McLean (auteur de romans) le réalisateur propose un récit d'une maîtrise sidérante qui tout au long de sa durée de vie de 158 minutes va livrer un périple qui jamais ne tombe dans l'ennui. Une histoire saisissante autour d'une unité de cinq soldats britanniques dirigée par le major Smith (Richard Burton) accompagné du lieutenant américain Morris Schaffer (Clint Eastwood) qui sont parachutés en Allemagne dans le but de libérer un général américain capturé après que son avion s'est écrasé. Détenu dans un château bavarois isolé seulement accessible aux aigles, le commando va plonger dans une gigantesque mission d'infiltration extrêmement difficile qui va rapidement évoluer en quelque chose de bien plus complexe qu'un simple sauvetage. Une histoire mouvementée au rythme haletant qui ne cesse d'évoluer et de se tordre par des petits détails de grande importance qui laissent entrevoir l'intelligence de cette pièce hivernale qui ne doit rien au hasard. Une approche scénaristique remarquable qui dynamise continuellement notre intérêt en nous propulsant dans une importante quête d'infiltration commando qui sort totalement du classicisme conventionnel des films de guerre. Une aventure extrêmement excitante appuyée par un suspense débordant qui du début à la fin ne s'arrête jamais de produire son effet en plongeant en apnée le spectateur qui à travers tant de tension finit par suffoquer.


L'une des innombrables qualités de cette pièce hors normes provient de ses décors incroyables et époustouflants magnifiquement mis en scène par Brian G. Hutton qui tire de ceux-ci une véritable force à l'origine d'une atmosphère unique, que la photographie d'Arthur Ibbetson traduit par un contraste à la fois menaçant, saisissant et passionnant. Tournée dans les montagnes enneigées d'Autriche, la caméra du cinéaste orchestre un véritable théâtre d'honneur autour du château des Aigles (nommé ainsi car accessible qu'aux aigles) du village de Werfen situé dans le Schloss Adler dans la vallée de Salzach. Un château médiéval sous la neige visuellement bluffant entouré par les Alpes de Berchtesgaden et le massif de Tennen offrant la meilleure des fortifications à cette forteresse imprenable. Un sacré décor qui prend vie jusqu'à devenir le personnage central du récit sous une réalisation débordante avec des effets spéciaux un peu datés pour certains mais qui ne gâche en rien l'expérience. Le château des Aigles constitue un atout incroyable en tant que demeure du mal nazie que le commando doit s'affranchir pour mener à bien la mission, offrant là, la meilleure des prémisses. Une mise en bouche surprenante savamment solidifiée par la composition musicale frissonnante de Ron Goodwin qui apporte une tonalité gravissime supplémentaire qui s'accorde parfaitement avec son contraste malfaisant.


Quand les aigles attaquent est un film comportant tellement de rebondissements qu'on ne sait plus où donner de la tête, possédant par dessus tout les meilleures phases d'infiltration pour le genre. Il y a beaucoup d'action excitante avec d'innombrables fusillades, des coups de couteau, des courses-poursuites, et des explosions, beaucoup d'explosions continuellement servies par un entrisme ambiant. L'espionnage et l'infiltration prédominent tout au long du récit, atteignant le point crucial lors de la prise du château des aigles. Une phase d'infiltration incroyable savamment alimentée en tension avec une caméra qui prend son temps pour exposer les choses à travers Smith (Richard Burton) et Schaffer (Clint Eastwood) qui se livrent à un véritable jeu du chat et de la souris avec les nazis jusqu'à ce que le point névralgique arrive lors de la scène d'interrogatoire dans la grande salle. Une scène brillamment mise en scène où enfin les vérités sont révélées aux grands jours. Arrive finalement le second acte où l'action éclate de toutes parts après que le commando se soit révélé aux yeux des Allemands. Beaucoup d'action qui découle d'une logique imparable puisque tout au long de l'aventure on a pu voir le commando préparer leur fuite une fois la mission accomplie. En ressort une course contre la montre totalement déchaînée avec des séquences de bravoures frénétiques où nos héros vont faire pleuvoir les balles pour sortir du château pour finalement trouver le point névralgique lors d'un affrontement au sommet d'un téléphérique qui est de loin le meilleur moment du film. Sortir du château pour se diriger vers un aérodrome où un avion doit venir les prendre pendant que des centaines de soldats Allemands tentent de les stopper, de quoi faire monter la pression auprès d'un spectateur captivé par cette aventure.


Richard Burton sous les traits du major Smith des renseignements britanniques se débrouille très bien en incarnant un véritable expert de l'espionnage et de l'infiltration impassible. Sous son attitude froide Smith cache plusieurs niveaux de lecture. Clint Eastwood pour le lieutenant américain Schaffer fait office d'excellent partenaire au charisme redoutable qui le moment venue va faire du sale. Un duo charismatique efficace ! Les comédiennes Mary Ure et Ingrid Pitt s'imposent en tant que femmes fatales experte dans l'art de la manipulation et de l'infiltration. Un duo de dames sexy avec une Ingrid Pitt toujours aussi voluptueuse en tant qu'Heidi Schmidt, agent infiltré de longue date. Mary Ure en tant qu'agent Mary est semblable à une fury mitrailleuse en main, étant moins dans la nuance et plus dans la flamboyance. Les nombreux nazis font un travail d'interprétation mémorable à commencer par Anton Diffring en tant que colonel Kramer accompagné par Deren Nesbitt pour Von Hapen, officier implacable de la Gestapo. D'autres personnages fiables sont de la partie comme Donald Houston, Brook Williams, Patrick Wymark, Michael Hordern ou Robert Beatty, qui viennent s'illustrer dans ce grand classique de la Seconde Guerre mondiale qui ne laisse rien au hasard jusqu'aux personnages qui parlent tous l'allemand au cours du récit fortifiant la crédibilité de l'histoire avec des uniformes allemands d'Arthur Newman qui finissent de convaincre.



CONCLUSION :



Brian G. Hutton livre avec Quand les aigles attaquent un grand classique autour de la Seconde Guerre mondiale. Une aventure moderne dans sa conception pleine d'audace qui apporte un véritable bol de fraîcheur au genre par une approche pertinente de la dramaturgie. Un enchaînement de qualité avec ses incroyables décors, son atmosphère immersive, son récit à suspense et ses actions passionnantes, pour un divertissement de longue durée qui absorbe totalement le spectateur dans une gigantesque fresque d'infiltration avec des comédiens charismatiques. Un grand thème cinématographique que je ne me lasse jamais de regarder.


Chef-d'œuvre d'une générosité débordante !




  • De quoi est-ce que vous parliez avec ce commandant ?

  • Je lui ai dit que j’étais le frère de Himmler.

  • Ouais, quand on ne s’y attend pas, ça doit impressionner.

  • Il va en rêver la nuit.


B_Jérémy
10
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Créée

le 2 mars 2022

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