qu'ai-je fait au bon dieu ?
Peut-être suis-je allé voir ce film avec trop d'attentes ? Peut-être que le casting m'avait trop séduit ? Ou que le synopsis m'avait enthousiasmé ? Dans tous les cas, j'ai fait une erreur, la même erreur que 12 millions de français : allez voir ce film.
Sauf que, à la différence de mes concitoyens, il semble que j'ai encore les pieds sur terre ... Je ne dis pas ça par prétention (et encore), mais autant j'ai été insensible à la Cité de la Peur, autant j'ai reconnu son niveau d'écriture. Alors que là ... Merde, mais qu'on donne des cours de rythme narratif à Philippe de Chauveron, qu'on lui apprenne à écrire ! Dire que Qu'est ce qu'on a fait au Bon Dieu? est dans le top 50 des meilleures comédies françaises selon Senscritique ... Ca me fend le coeur !
Bon l'histoire, vous la connaissez, je vais donc la faire en accéléré : un couple de bourgeois old french marient leurs filles à, respectivement, un arabe, un juif, un chinois. Lorsque la dernière se fiance à un catholique, c'est la joie, mais il est noir.
Et bon enfaite, par où commencer ? Bon déjà aucun résumé n'est bon. Parce que, en réalité, ce film montre, au début, la tension entre Claude Verneuil (Christian Clavier) et ses gendres. Mais au bout du premier tiers du film, grâce à une fête de Noël réussie, la tension retombe, l'amour est là et le mariage va permettre à Charles Koffi (Noom Diawara), le 4ème époux, à rentrer pleinement dans la famille, dans ce cercle familiale.
Mais enfaite, c'est pas ça non plus puisque finalement on ne le voit jamais partager réellement cette complicité que cette famille multi-culturelle avait eu tant de mal à construire, à établir.
Le gros problème de ce film c'est son prétendu problème principal : le racisme des parents. Car finalement, il disparait assez vite et ça reste plus des anciens préjugés. Cela est remplacé par l'organisation du mariage, avec un père africain André Koffi (Pascal Nzonzi) également raciste qui fait tout pour saboter le mariage. Puis on doit retrouver Laure (Elodie Fontan) qui devant tous ses problèmes a fuit son mariage. Enfin bref, c'est une succession de mini-problèmes, de mini-péripéties qui donnent l'illusion que l'histoire avance, qu'il y a des obstacles, mais en réalité, rien n'est accompli.
Ainsi, le retour de Laure est une énorme erreur d'écriture. Celle qui part suite au divorce de ses parents revient suite à l'amitié entre son père et son beau-père. Amitié qui repose sur leurs valeurs communes (le racisme en faisant parti). On a typiquement le genre d'erreur du film : apporter une solution qui n'était pas celle attendu pour le problème.
Après, le vrai gros problème du film c'est son rythme : sa narration est anarchique. Enfaite, il y a tellement de personnages et ceux-ci sont si traités, c'est impossible à tenir. On a un total de 13 personnages principaux : la famille Verneuil, les gendres et la famille Koffi. C'est juste horrible. Par hasard, certains personnages sortent du lot, principalement les 3 premiers gendres, mais le résultat est que Charles Koffi est un personnage peu intéressant car apparaissant bien trop tard.
Je le dis, je le répète, le problème de ce film, c'est le rythme. Il y a des temps morts, il y a des creux, il y a des difficultés qui sont soulevés et qui ne trouvent pas de résolutions. Je trouve également qu'il y a un manque de parti-pris, qu'il y a une volonté d'être dans le consensus qui est des plus regrettables car rendant l'humour parfois trop lisses.
Un humour parfois présent mais pas toujours. Parfois c'est tellement prévisible, tellement artificiel et visible que ça en devient lourd. Mais on a le droit à quelques moments de génies, quelques bonnes répliques, quelques scènes grandioses, telle celle où Christian Clavier, sous le coup de l'émotion finit par abattre tous les arbres de son parc.
Globalement, il me reste de ce film une image de rythme mal géré, de rire mal programmé, d'une histoire horriblement mal écrite, mal amenée, mal résolue.
Bref d'une comédie français très prévisible car rentrant dans des codes préfabriqués mais sans âme où seules les quelques bonnes répliques sauvent le film.