Je n'avais pas fait attention, avant la rédaction de cet avis, à l'affiche de cette Promising Young Woman, qui promettait, je cite : "Le thriller féminin et frais qui change la donne".


Une telle tagline ne vient pas d'un quelconque critique ciné ou autre journal culturellement branché. Mais d'un site dont j'ignorais jusqu'à même l'existence : Les Eclaireuses. Soit un site mode / beauté généraliste qui parle finalement de tout... Et donc qui ne parle de rien.


Et en cherchant un peu dans ses méandres, on découvre même que plusieurs articles qui en vantent les supposés mérites ont été écrits... en joint venture avec Universal.


Et bien sûr, dans des termes très flatteurs, en baignant avec délice dans les eaux du publi-reportage béat à coup de "approche avec un regard poignant sur des sujets graves", d' "intrigue inattendue", de "réalisation époustouflante" ou autres "moderne, important et impactant"... Soit des trucs fleurant bon l'argumentaire d'un dossier de presse vendant du rêve.


Il y a donc de quoi s'étrangler devant tant d'hypocrisie et d'auto promo assez consternante, manifestations du plus profond cynisme, tant de la part d'Universal que d'un site acceptant d'inonder ses abonné(e)s d'une telle complaisance lamentable, sans doute contre rétribution.


Pour le reste, à la sortie de la séance, le film aura de quoi, au moins, irriter. Car Promising Young Woman est le symptôme le plus récent du dangereux et proprement gerbant glissement sémantique du concept de féminisme vers celui de misandrie.


Car dans Promising Young Woman, dès les premières minutes, on vous assène que l'homme dans son unanimité est forcément pour la femme :



  • un ultra prédateur,

  • un prédateur à la sauvette lâche et fourbe et / ou hypocrite,

  • un prédateur qui ne s'assume pas,


ou



  • un prédateur déguisé en mouton dont la couverture ne tiendra pas très longtemps, car c'est dans sa nature profonde de toute façon d'être un salaud.


Un tel amalgame ne pourra que laisser pantois, tant celui-ci transpire de manière confondante et plombera immédiatement le film, vu qu'aucun homme n'en sortira indemne...


Sauf papa bien sûr, car my heart belongs to daddy, toussa.


Le film ne se relèvera jamais complètement de cette triste conception toute en nuances, assez meurtrière au bout du compte, car malgré cet écueil, Promising Young Woman ne manquait pas d'atouts. Son héroïne en tête, bien sûr, Carey Mulligan se livrant à un véritable show schizo.


Car malgré cet écueil, l'aspect rape & revenge de l'entreprise paraissait solidement bâti, même s'il ne va jamais jusqu'au bout de son concept, se contentant de quelques punitions bien dérisoires au regard de la barbarie sanctionnée.


Promising Young Woman sera dès lors, pendant ses deux heures de projection, constamment branché sur un courant alternatif, coincé entre bonnes idées, déceptions consommées, irritations parfois lourdes et richesse qui finit par se tirer une balle dans le pied.


On taira ainsi charitablement la référence à un modèle du genre émancipation féminine, et plus particulièrement à Harley Queen en direct de sa Fantabuleuse Histoire consternante, ou encore la soundtrack faussement cool débordant de reprises massacrées ultra attendues et de jeunes couineuses en mode vocoder... Pour bien sûr s'assurer le label pop culture, même si celui-ci s'avère décerné au rabais.


Tout comme certains noeuds narratifs que l'on voit venir de loin, ou encore une fin bien trop préparée pour être totalement honnête.


Les plus gentils, comme le masqué, choisiront de retenir cette vendetta menée un personnage que l'on a un peu de mal à cerner, mais qui suscite au moins une curiosité bienveillante face à son passé traumatique et noir présenté par petits bouts tout au long du film.


Et si certains ici ont sans nul doute loué les ruptures de tons du film, celles-ci donnent furieusement l'impression que sa réalisatrice ne sait pas sur quel pied danser entre chasse à l'homme au sens propre, militantisme au poing levé mal placé et regard goguenard sur un sous-genre que l'on assume jamais totalement.


D'autant plus que Promising Young Woman a quelque chose comme quinze ans de retard sur une oeuvre comme Hard Candy qui lui, avait le courage de poser sa hargne et ses ovaires sur la table.


Pour proposer un truc rageur, pervers, tendu et qui auscultait la condition de victime et de bourreau de manière bien plus fine et efficace...


Mais vu que cela a été pondu par un odieux mâle dominant forcément prédateur, Hard Candy est sans doute tombé dans l'oubli des mémoires révisionnistes qui ne conçoivent le "combat" que depuis le lynchage Polanski et le hashtag Metoo...


Behind_the_Mask, jeune homme pas très prometteur mais ultra prédateur.

Behind_the_Mask
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le 3 juin 2021

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Behind_the_Mask

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