Promising Young Woman par limma

Si la plupart des films d'actions avec une héroïne mettent au premier plan les femmes, leurs personnages renvoient bien souvent à ceux des hommes rompus aux techniques de combats et à la volonté délétère pour seule réponse à la violence ambiante.
Emerald Fennell apporte une vision plus tranquille et plutôt dépressive, changeant la donne, et surfe sur la comédie noire, tout en tapant sur notre joyeuse société patriarcale.Carey Mulligan parfaite, mais également le compréhensif Bo Burnham, sont si bien choisis pour casser l'idée des apparences, que la cinéaste nous perds gentiment. Les changements de tons et l'esthétique du film joue d'une douceur qui viendra en porte à faux d'un traumatisme ingérable pour notre héroïne. On sait aussi, malheureusement, que d'être trop frontal peut apporter l'effet inverse, et la réalisatrice a bien saisi l'idée. L'ensemble reste léger appuyé par un Alfred Molina qui nous assurera de sa quête de rédemption, pour cet avocat qui a failli à son devoir... Mais plaisir non dissimulé de retrouver Clancy Brown dans un rôle à contre-emploi venant s'intégrer dans un environnement familial parfaitement kitch, qui n'aura pas oublier l'art d'agrémenter son bouquet de fleur, pour des parents un tantinet fatigués des sorties nocturnes de leur fille.
La cinéaste nous offre même l'état de grâce d'une rencontre amoureuse pour révéler la contradiction et la dangerosité des idées dégradantes martelées dans le cerveau féminin. On craint alors de n'avoir qu'un personnage correctement formaté par la société que la phrase assassine et condescendante reçue tel la marque d'un attachement sincère, semble si bien intégrée, qu'elle inquiète sur la suite à venir. Et si la réalisatrice joue des choix vestimentaires pour appuyer le propos discriminatoire et la punition reçue comme il se doit, les femmes vont peut-être rire jaune lorsque leur propres comportements misogynes seront révélés dans toute leur gravité et leurs moments de flottements outrés, quand elles y seront confrontés. La cinéaste met au jour les comportements nocifs quels qu'ils soient où tous sont responsables sur les violences faites aux femmes et qui se renvoient la balle par des joutes verbales attendues mais d'une triste réalité.
Les garçons vont-ils eux aussi être gênés par le visionnage, ou trouver jubilatoire cette première scène de boite de nuit où leur corps débraillés se déhanchent sur la musique, caméra pointée sur leur braguette. Arrêt sur image rappelant aux dégâts de l'alcool pour certains ou aux instants défouloirs en tout bien tout honneur, pour d'autres, mais toujours dans une certaine violence pour cet exutoire des fins de journées professionnelles éprouvantes...c'est sans oublier une jeunesse masculine aux actes si peu condamnés. On est dans l'ère du temps un peu comme pour le quota des Afros, ou aujourd'hui des relations homosexuelles histoire de montrer qu'on est vigilants sur les enjeux de société, mais sans prendre trop de risque.
Tout en marquant l'ultime rencontre vengeresse par une résolution des plus sombre et violente par la longueur de la scène, à laquelle il faut bien le dire, on ne s'attendait pas, on regrette pourtant à juste titre, que la cinéaste adoucisse son final en donnant à son personnage une présence fantomatique et qui n'a plus lieu d'être, pour une sorte de happy end ironique, qui aura tendance à saper sa dénonciation.