Déroutant, saisissant, marquant, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier ce que j'ai ressenti après le visionnage de ce film qui pourtant ne partait pas avec les meilleures qualités du monde, mais plutôt avec quelque chose d'assez classique, plutôt girly dans le style, ou ça allait être un simple Revenge movie avec pour toile de fond le contexte me too, la bro culture, l'omerta de ces hommes, mais ça va plus loin que ça, plus loin que ça car outre la très bonne écriture du personnage principal qui arrive à nous faire attacher à elle et à nous émouvoir, nous pouvons voir un scénario intelligent, un scénario intelligent qui ne va pas hésiter à nous mettre mal à l'aise, qui va brouiller les pistes, nous faire croire que ça va être une espèce d'histoire de rédemption, de rom com ,ou l'espoir subsiste toujours et que bien sûr ce ne sont pas tous les hommes, qu'on peut faire confiance à certains, sauf que la force du scénario c'est sa noirceur, le seul personnage masculin positif dans ce film c'est le père, figure conciliante, qui tempère un peu les ardeurs de sa mère, mais sinon nous sommes face à des personnages masculins qui profitent de femmes bourrées, des hommes qui se croient être des gens biens, sont persuadés même, des gens qui sont soutenus par un système patriarcal, tout ça évidemment accompagné d'une très belle photographie, assez pastel, kitsch par moment, avec des décors très travaillés, une esthétique plaisante.


Car la force du scénario également est de nous présenter comment s'opère le patriarcat, tout d'abord avec cette amie qui n'a rien fait mais qui ne croit pas Nina quand elle dit s'être fait violée car ça serait une fille facile qui se bourre souvent la gueule, puis la doyenne de l'université qui n'a pas cru Nina pour les mêmes raisons et qui n'a pas cherché à savoir, et finalement le copain de Cassie, Ryan, qui lui était présent lors du viol et a même été filmé lors du crime, mais qui se faisant passer pour le "nice guy" n'a jamais pensé le mentionner à Cassie, ou même l'avocat qui perpétue un système où les hommes sont avantagés, ou ils restent impunis malgré leurs méfaits, en intimidant les femmes violées par exemple (on sera face au seul personnage éprouvant des regrets d'ailleurs).


Mais ce film a aussi comme enjeu de nous représenter cette véritable amitié qui liait les deux personnages, Nina, morte, sûrement un suicide, après que personne ne l'ait crue, car si ce film parle de patriarcat, il parle aussi de deuil, de cette femme qui n'arrive pas à "get over it" et pense tous les jours à son amie, ce qui l'a détruit, et c'est pour lui rendre justice que ce personnage va faire tout cela, non pas seulement pour détruire le patriarcat, mais aussi surtout pour son amie, son amie qu'on ne voit jamais dans la film, qui ne vit quand la mémoire de Cassie, on ne sait rien d'elle, juste qu'elle était brillante.


Comment ne pas évoquer ce film sans parler de la fin ? Attention au spoil, mais ce climax est juste épatant, violent et d'une noirceur, avec Cassie qui s'étouffe petit à petit et perd la vie, scène qui m'a littéralement scotché, car évidemment je m'y attendais pas spécialement, même si pour ne pas partir sur une noirceur totale, on prend bien le soin à la fin de faire en sorte que son acte ait été au final un sacrifice, car le film parle de ça, du sacrifice de ces femmes qui font tout pour être entendues.

Wolgou
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le 3 févr. 2021

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Wolgou

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