Zeus va-t-il condamner Scott à être enchainé sur une montagne où un rapace viendra lui dévorer les entrailles ? Prometheus est-il une oeuvre majeure de la SF, préquelle géniale des démons qui hanteront encore longtemps Ripley ?

On ne peut être déçu que par ce qu'on attend. Et plus on attend ... Je vais vous épargner le couplet sur mon intérêt énorme pour Alien et Giger. Prometheus est un film que j'ai beaucoup attendu ; râté au ciné, j'ai par la suite longtemps repoussé le moment de sa découverte dès que les premières sentences, implacables, sont tombées : Scott venait de tuer son oeuvre.

Alors j'ai attendu. J'ai cessé de lire quoique ce soit et d'en parler. Je voulais que le temps fasse son oeuvre pour que je puisse y aller sans trop d'à priori. Hier soir, ce fut fait. SPOALES A SUIVRE.

On va commencer par des poncifs : c'est beau et froid. La photo est géniale, ça devait donner encore mieux au cinéma. Visuellement je me suis pris une belle claque, bien plus que lors du visionnage d'Avatar. Je me souviens des lointains indices distillés par Scott : "nan, ce n'est pas une préquelle d'Alien". Evidemment c'est une superbe façon de nous avoir pris pour des cons et c'est d'ailleurs là que le bas blesse. Je ne vais pas faire comme si je n'avais pas vu et revu moults fois les Aliens ; la personne qui n'en a jamais vu, je suis incapable de mettre dans sa tête pour savoir si Prometheus est bluffant ou pas. On va me dire hommage à Alien ; non, c'est de la fainéantise. Le copié-collé est quasiment absolu ; groupe, message de fin, femme en chef de bande, robot fasciné par la créature, le mec qui râle car c'est pas son job, limite à négocier une prime façon Carter et Kane. Le foutage de gueule est tellement énorme que j'en reste encore sidéré.

Les révélations sur les space jockey ne sont pas mauvaises : ce sont des humains, enfin, des humains un poil plus évolués. Le contrepied est intéressant dans la mesure où la majorité s'attendait à voir des géants, des colosses dégoulinant à l'instar de ce cadavre découvert dans le premier opus. Transformer le tout en armure, oui, j'achète et j'assume. Le design ridicule dévoilé dès le début ? Franchement, non, pas d'accord. Certaine classe même. Après cette flûte là, c'est un clin d'oeil à rencontre du troisième type ? Songer que nous sommes devenus, je le vois ainsi, le parasite de cette vie envoyée sur Terre, j'aime. Un parasite contre un parasite, ça marche.

Au final, qu'est-ce que ce film a dans le ventre outre sa plastique. L'essentiel des acteurs fait le job sans jamais casser trois pattes à un canard. Le seul, et pour le coup il est excellent, c'est Michael Fassbender. Il porte le film tout seul sur ses épaules. Le questionnement sur nos origines ? La réponse est tellement éculée, que non, ce ne peut être une force (en fait nous sommes des créatures créés par des ET, youpi, quelle découverte scénaristique !). Alors quoi ? Quoi en dehors de David ? Le côté Stargate des cartes stellaires ? Ben non.

On arrive à la fin, je vais cracher le morceau : David Lean et Peter O'Toole. Je n'en sais rien mais il me semble évident qu'il n'y a pas de coïncidence si le robot se nomme David et joue le jeu d'un mimétisme génial avec O'Toole. Une Préquelle d'Alien qui nous rappelle combien Lawrence d'Arabie est un film absolument magnifique mérite le détour. Lawrence, dans l'immensité du désert qui lui sert à découvrir ce qu'il est, un monstre potentiel, se pose les même questions que cet équipage. Il se dit peut-être même que l'humanité ne devrait pas survivre tant elle est capable d'horreur. Dans le même temps, elle peut faire tant de choses belles qu'elle peut avoir sa chance ...

Alors rien que pour ça oui, ce film n'est pas une bouze. Une déception pour les fans d'Alien mais un bon film pour faire découvrir la SF. Une claque visuelle parsemée de WTFesque. Une approche pseudo philosophique râtée (au bout d'une minute j'ai cru que j'allais voir un Terence Mallick ...) mais nécessairement intéressante : le Vatican s'est fendu d'un communiqué en oct 2012 pour critique le film, ce qui est un gage de qualité à mes yeux.

Donc 6, quand même. Zeus, épargne Scott, pour ce qu'il fut.

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le 14 mars 2013

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Aqualudo

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