Cette critique de Prometheus ne contient que 10 fois le mot Alien.

Après une attente à la limite du supportable ponctuée de trailers complètement oufs, le tant attendu Prometheus s'est finalement pointé. Prometheus, c'est quoi ? C'est juste un film qui se passe avant Alien (outch), réalisé par papy Ridley Scott (re-outch) qui a décidé, 30 ans aprés Blade Runner, de se refaire un petit shoot de SF histoire de retrouver ses jeunes sensations et de reprendre en main l'univers fascinant d'Alien. (univers qui fut plus ou moins malmené au grès des suites et autres cross-over hasardeux.) On comprend vite alors les espoirs suscités par Prometheus.

Prometheus se passe donc une trentaine d'années avant les aventures de Ripley et de ses compagnons. Nous sommes en 2089, un gentil couple d'archéologues constate que le même pictogramme a été dessiné par plusieurs civilisations terriennes qui n'ont eu aucun contact entre-elles. Ce pictogramme représente une carte des étoiles qui constitue, selon eux, une jolie carte d'invitation. Ils décident donc de monter une petite équipe de 17 personnes et d'organiser un voyage financé par Weyland Industries afin de, peut-être, remonter aux origines de l'humanité. Ils feront donc la connaissance des sympathiques autochtones de la planète LV-223. Malheureusement pour eux, nous sommes dans un film de Ridley Scott et dans un film de Ridley Scott, les extraterrestres ne sont pas des gentils hippies bleus kikoolol qui vivent dans les arbres.

Dés le début, on comprend très vite que l'on se trouve bien dans l'univers d'Alien. Des gens en biostase, un vaisseau au design industriel et froid, une planète inhospitalière... Mais la ressemblance ne s'arrête pas là. Ainsi, de nombreuses scènes tout au long du film rappellent son illustre prédécesseur. Même la trame générale semble calquée sur Alien (Etape 1 : l'équipage se réveille dans l'espace. Etape 2 : le vaisseau se pose sur une planète qui donne pas trop envie de sortir dehors. Etape 3 : on sort quand même. Etape 4 : c'est la merde.)
Si Prometheus rappelle sans cesse son illustre prédécesseur, il est néanmoins un film différent dans sa réalisation. Ainsi, il n'offre pas l'ambiance glauque singulière et le huit clos oppressant qui ont fait d'Alien un modèle du genre. Les plus claustrophobes pourront même rester dans la salle jusqu'à la fin du film !

La thèse de la création de l'humanité par des extraterrestres n'est pas vraiment originale et le scénario n'offrira pas de grosses surprises. De même, l'ensemble du récit se déroule de façon prévisible. Les amateurs de réflexions métaphysiques ou de retournements de situation soudains seront probablement déçus. Néanmoins, le film tient debout en s'inscrivant sans problème dans l'univers d'Alien, tout en proposant un film avec une histoire propre centrée autour de l'étrange et fascinant Space Jockey.

Côté équipage, c'est plutôt inégal. Le personnage de l'androïde David, oscillant constamment entre attitude mécanique et soumise et « volonté » de dépasser sa condition de simple androïde, s'avère ambigu et passionnant. Il est interprété par l'impeccable Michael Fassbender qui réussit a rendre son personnage à la fois inhumain et attachant. Noomi Rapace, qui n'a pas le charisme et le physique singulier d'une Sigourney Weaver, livre toutefois une performance honorable dans le rôle de Shaw, la gentille archéologue un peu niannian qui évoluera progressivement en fille « qui en a dans le ventre » au grès des épreuves qu'elle traversera. Son petit copain, en revanche, est transparent. (mais qu'est-ce-qu'elle fout avec lui SERIEUX ?) Sans faire d'étincelles, Charlize Theron remplit parfaitement son contrat de femme froide et inaccessible.
Quant aux seconds rôles, ils sont pour la plupart bâclés. A noter que le géologue Cyberpunk misanthrope aurait pu faire un personnage secondaire intéressant en opposition à Shaw. Malheureusement, il se vautre dans son propre stéréotype dès sa première réplique. Dommage.
On aurait également aimé voir le personnage de Ted Weyland, qui représente un aspect important dans la saga Alien, être plus développé.
Les monstres, très logiquement plus primaires et moins sophistiqués que nos xénomorphes préférés, sont parfaitement convaincants.

Prometheus n'est malheureusement pas avare en scènes mal menées et nanardesques qui viennent fissurer la crédibilité du film. A titre d'exemple, on aura ainsi l'occasion de voir Charlize Theron se transformer en grosse biatch le temps d'une soirée, ruinant ainsi toute son attitude glaciale et autoritaire en quelques secondes. On verra également trois des protagonistes visiblement pas très bouleversés à l'idée de sacrifier leurs vies pour la bonne cause. Des erreurs regrettables à ce niveau là.

Mais soyons francs, le principal intérêt de Prometheus réside en grande partie dans le fait de pouvoir se replonger dans l'univers d'Alien. De ce côté-là, c'est du tout bon. Esthétiquement, le film est une grosse claque. Quel plaisir de retrouver un univers crédible, un vaisseau au design soigné, une planète crépusculaire, des grottes sombres, des couloirs sans fin... L'univers vient s'enrichir de sympathiques trouvailles technologiques comme ces « balles » de reconnaissance utilisées par le géologue, ou encore cet étonnant appareil de chirurgie hors de prix.
Si l'approche n'est pas aussi noire que par le passé, Prometheus reste un film extrêmement tendu et prenant, notamment dans sa deuxième moitié où il prendra toute son ampleur.

Au delà de la claque visuelle, Prometheus est également une réussite technique. Ici, on a affaire à une 3D classe qui n'en fait pas des tonnes. Une 3D qui magnifie chaque plan et renforce l'immersion du spectateur dans l'environnement du film. La scène d'introduction en est le parfait exemple.

Si le dernier bébé de Ridley Scott pâtira à juste titre de sa comparaison avec Alien et s'il n'est pas à la hauteur des attentes suscitées, il reste néanmoins un très bon film de SF grâce à une réalisation immersive et une esthétique sombre et grandiose. Prometheus enrichit l'univers d'Alien de nouvelles questions et conclut sur une fin ouverte qui pourrait, si elle est bien menée, engendrer une suite passionnante.
Barns
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le 7 juin 2012

Modifiée

le 3 août 2012

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