Mon premier Ki-Duk, j'en ressors très mitigé. Je retiens surtout un film lourdingue et simpliste qui utilise davantage le cadre bouddhiste comme toile de fond, noyée dans une iconographie clichetonneuse au possible (petit temple au milieu d'un lac). Le film me donne en fait l'impression que Ki-Duk se la joue ésotérique pour impressionner son petit monde davantage que pour proposer une réflexion ou ouvrir l'esprit de son spectateur (à la manière d'un Weerasethakul, beaucoup plus jusqu'au-boutiste et où le versant "ésotérique" prend un aspect beaucoup plus équivoque).

Alors donc, on se retrouve face à un film dont l'ambition est décidément d'accéder à une certaine spiritualité, d'où le bouddhisme en toile de fond. Pour ce faire, découpage en tableaux où chaque tableau sera l'occasion d'un précieux enseignement. A mes yeux, tout ce versant spiritualiste à deux ronds est à jeter, Kim Ki-Duk se contentant d'enfoncer des portes ouvertes ou alors de raconter des grosses conneries (la morale du moine sur la luxure qui aboutit à une pirouette scénaristique totalement ridicule et grotesque, entre autres).

Le problème, en plus du filon "bouddhisme pour les nuls" et de l'abyssale prétention du cinéaste coréen qui se prend pour un philosophe alors que la caméra, qui prend toujours le point de vue du vieux moine à ce niveau, vend du vide, c'est que tout dans ce film est parfaitement simpliste et univoque. Les mêmes causes aboutissent systématiquement aux mêmes effets et les personnages sont des grosses caricatures dont les réactions sont prévisibles des chapitres entiers à l'avance. Je ne demande pas à Kim Ki-Duk de viser aussi juste que Bergman mais putain, là, les personnages n'ont pas la moindre consistance, c'en est désolant. Le pseudo-scénario du film est également contaminé par cette lourdeur et ce simplisme, et donne d'ailleurs lieu à pas mal de n'importe-quoi.

Mais, précisément, Ki-Duk essaye justement de mettre en exergue ce côté fable, ce côté parabole, d'où le titre, d'où le fait que les personnages ne soient pas nommés. Encore faudrait-il pour cela ne pas s'encombrer d'une narration totalement aberrante mais à la rigueur. Le problème, c'est précisément que la fable est, comme on l'a vu, d'une profonde vacuité.

Bon, je descends le film comme ça mais quand même, Kim Ki-Duk a un certain talent de conteur et une certaine poésie finit par se dégager de ce film, qui tourne malheureusement au gloubiboulga pseudo-spirituel, poésie qui est justement le fruit de la naïveté de Kim Ki-Duk mais aussi des idées les plus simples du film : l'histoire d'amour dans le chapitre Eté par exemple, qui est très touchante dans sa simplicité, justement parce que Kim Ki-Duk ne déterre pas sa philosophie de comptoir.
Nwazayte
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le 2 juil. 2013

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