Princesse Mononoké
8.4
Princesse Mononoké

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1997)

La terre tremble.
La forêt vibre, le sol tressaille et soudain la brume s'échappe, s'envole pour laisser apparaître un océan émeraude. Les nuages se crèvent pour laisser entrevoir un monde d'une ampleur grandiose, d'une beauté mirifique.


En son coeur pourtant, loin de l'apparente quiétude qu'il dégage, des éclairs s'agitent. Tache rouge, trait blanc, masse sombre, ils portent l'agitation de quelques êtres dont dépend le destin de ce jardin où cohabitent hommes et Dieux. Jeune fille à la bouche ensanglantée, loup blanc fendant les bois, horde de sangliers belliqueux se débattent pour protéger leur monde fragile.


Ce monde, l'Homme cherche à le dompter, à lui extorquer une place. Invité dans l'empyrée, parcelle d'un équilibre précaire somptueux, il dégueule son ambition dans un torrent de boue et de flammes et dérègle l'ordre établi. Face à lui se dresse une guerrière, un rejeton de la nature, une Princesse.


Animaux malades, Dieux maudits, feu, boue, explosions rythment les jours de ce monde en perdition. Entre deux clans, au coeur d'une guerre aux enjeux insondables, un homme exilé trace une route sinueuse entre démons et merveilles, il sillonne un univers féérique avec pour mission de "Porter sur le monde un regard sans haine."


Lâché au milieu d'un conflit au bord du chaos, d'un monde jouxtant le précipice, il porte la lueur d'espoir d'un médiateur silencieux. Son voyage l'amène à ne croiser que des camps et non des coupables. Des idéaux qui s'affrontent mais nulle haine.


Au coeur de la forêt, dans un sanctuaire bafoué par la violence naîtra pourtant la promesse d'un avenir apaisé. Dieux furieux, animaux mourants, hommes chassés par une apocalypse naturelle, au point de bascule d'une destruction inéluctable, l'homme et le sacré s'accordent enfin dans un mouvement bienveillant.


Le monde peut alors retrouver sa beauté, achever sa lutte permanente ravageuse. La brutalité s'évanouit dans une brise qui évacue enfin la solidité terrestre des combats, pour renouer avec une spiritualité plus aérienne. Un regard sans haine, porté vers le beau.
Un monde qui fleurit et s'ouvre, infini et féérique. Un monde vert, libre et serein, empli d'êtres merveilleux guettant les voyageurs du haut d'un arbre, où cohabitent en paix hommes et animaux, modernité et spiritualité.


Un monde qu'il nous faut alors quitter. Laisser ses grandes plaines verdoyantes et ses forêts labyrinthiques, ses Dieux et ses âmes, toute sa poésie et sa brutalité, sa beauté lyrique et la quiétude de ses sanctuaires dissimulés au coeur d'un lac.
Dans un dernier instant solaire, on tourne la page finale d'une histoire mythique. Un monde se ferme, un autre s'ouvre. Un sourire en coin en regardant l'herbe se courber sous une bise paisible, on y appliquera maintenant aussi ce principe.
Porter sur le monde un regard sans haine.

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le 20 nov. 2016

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