
Putain je l'aime ce film.
Découverte très récente - pas plus tard qu'hier- et pourtant il rejoint directement la liste de mes films préférés. J'ai déjà envie de le revoir, c'est dire! Cela doit faire des années que j'en entends parler et tout autant que je me répète que je dois le regarder (comme disent les américains, je crois que c'est dans mes gènes d'être "late to the party") et autant vous dire que je ne regrette pas mon visionnage. Je peux désormais l'ajouter au top de mes films LGBT préférés. C'est une thématique qui me parle particulièrement, et ce n'est pas exagérer que d'affirmer que je dévore à peu près tous ceux qui se trouvent sur mon passage. Et bon sang, ça fait du bien d'avoir un feel good movie sur le sujet. Un film qui donne de l'espoir, le sourire, l'envie de se battre et de vivre sa vie à 100%. Je ne compte plus le nombre de films LGBT qui se terminent mal (et ce n'est pas une critique, Brokeback Mountain ou The Normal Heart font aussi partie de mes films préférés) ou qui mettent en scène des destinées tragiques. Ils sont nécessaires, ne serait-ce que par devoir de mémoire. Oui, c'est nécessaire de rappeler l'homophobie tue. Oui, c'est nécessaire de rappeler que les pouvoirs politiques sous le mandat de Reegan ont laissé mourir des milliers d'homosexuels sans bouger le petit doigt, se désintéressant totalement de leur sort. Oui, heureusement que des réalisateurs se servent de leur art pour nous remettre en tête les atrocités endurées par cette communauté, heureusement qu'ils nous aident à se souvenir de leur courage, heureusement qu'il y a des gens qui font en sorte qu'on n'oublie pas ces hommes, ces femmes condamnés pour avoir aimé quelqu'un du même sexe. C'est plus qu'important et crucial.
Mais on a besoin aussi de films comme celui-ci. De beaux films solaires, énergiques, et pleins d'optimisme. Ce sont ces adjectifs qui vont pour moi le mieux à Pride. Le passage du film qui le résume le mieux est sans doute cette scène jouissive où Jonathan se met à danser sur Shame Shame Shame devant des villageois qui n'ont sûrement jamais vu ça de leur vie. Un des plus beaux moments du film, sans hésitation. Pride m'a émue, fait rire, pleurer aussi. Mais surtout, je crois qu'il m'a rendue heureuse. Et c'est selon moi la plus belle chose qu'un film peut faire pour vous. Je ne compte même plus le nombre de fois où j'ai souri pendant le visionnage, et bordel, c'est vraiment hyper cool comme sensation.
Le casting est au top, vraiment c'est un sans faute. Ben Schnetzer (que j'avais vu dans The Riot Club dans un rôle très différent comme son compère Freddie Fox lui aussi au casting) est génial en leader charismatique des LGSM, George MacKay (qui interprète le protagoniste principal) est ouf lui aussi, en fait je pourrai citer tout le cast parce qu'ils sont tous excellents, rôles secondaires inclus. J'accorde extrêmement d'importance aux personnages (souvent quand je n'accroche pas à un film, y'a pas à chercher, ça s'explique par cette raison) et concernant Pride, vraiment, c'est un 10/10. Ils sont tous super attachants, de Cliff, en passant par la grand-mère - non mais vraiment elle je l'aime d'amour- par Hefina, Sian ou encore Steph. J'ai adoré les suivre pendant ces 2 petites heures qui sont passées à la vitesse de la lumière et même certains qui ne font que quelques courtes apparitions m'ont ravi par leur présence. Kudos à Matthew Warchus, quel beau job.
Le film est porté par une bande son absolument merveilleuse - y'a pas à dire c'était vraiment une époque bénie pour la musique- aux accents disco. Me voilà avec une toute nouvelle playlist, alors merci pour cette BO qui fait du bien et qui colle tellement bien à l'atmosphère du film. On se sent vraiment plongé au cœur de l'Angleterre, puis du Pays du Galle (bon sang, je crois que je pourrais écouter cet accent pour le reste de ma vie) tout fait réel et l'immersion est totale. Je n'en demande pas plus pour adhérer complètement.
Niveau punchlines & répliques mémorables, Pride n'a pas à rougir. Je ne sais même pas quelle est ma réplique préférée du film entre "let's bring down the government" "we don't have maps people ask for the poems of Walt Whitman" "miners dig for coal which allows gay people like you to dance to bananarama until 3:00 in the morning" ou encore "maybe we should try and look more obviously gay/ "achievable goals, please Jeff" qui est peut-être mon chouchou, en fait.
Enfin attention aux spoilers, parce que j'ai envie de vous donner une liste non exhaustive de mes moments préférés:
- la danse de Jonathan, obviously
- le discours de Dai dans le club gay
- l'arrivée des habitants du village à la gay pride, pendant la même scène, le zoom sur les trois autres bus d'associations LGBT qui viennent comme eux soutenir les mineurs
- tout le périple des filles à Londres, vraiment c'est de l'or pur
- la scène où la mère de Joe le rejoint dans sa chambre après son coming out forcé, j'ai eu envie de la gifler mais super acting, j'en pleure encore
- "i'm gay and i'm home" qui me fout les larmes aux yeux rien que d'y penser, la storyline de Gethin est à mon yeux l'une des plus émouvantes du film
- le dialogue entre Mark et Joe, et ce cadeau si symbolique
- le premier baiser de Joe avec un garçon et leurs silhouettes qui s'embrassent se découpant dans le noir
- le passage de "every woman is a lesbian at heart" bon dieu!! je la vénère
- where are my lesbians (ICONIC)
- la salle bondée qui chante Bread & Roses
- le coming out de Cliff, après des décennies de répression
- le départ de Joe de sa maison, j'étais tellement fière de lui sérieux :')
- la scène de conclusion
et tant d'autres
Mais honnêtement? Pas une scène ne m'a ennuyée ou parue longue. Ce film est un tout et je l'ai adoré. Evidemment, petit pincement au cœur quand la fin arrive et qu'on apprend les destins des véritables hommes et femmes derrière cette histoire inspirée de faits réels. Et c'est encore plus difficile, quand sur un fond noir sobre, on nous annonce que Mark Ashton est mort quelques jours après qu'on lui ait diagnostiqué le SIDA. Car malheureusement, la maladie commençait déjà à se propager (et des indices sont donnés tout au long au film) et les insultes homophobes qu'on entend au long du film sont elles aussi réalistes. J'ai été en colère, triste en voyant Gethin à l'hôpital après s'être fait tabasser, je l'ai été tout autant en le voyant effacer un énorme "queer" en rouge sang sur la vitrine de la librairie, et eu envie de frapper l'écran à chaque regard désapprobateur lancé aux membres du collectif. Parce que c'est réel, et c'est pour cela exactement que ça fait mal.
Mais ces scènes, encore une fois nécessaires, ne me font pas oublier l'atmosphère générale de Pride, prodigieusement enjouée et réjouissante, qui me fait repartir avec des étoiles pleins les yeux et le cœur débordant d'amour et de respect pour ces héros dont on ne doit pas oublier le nom.
Personne ne donnait cher de cette alliance, et on aurait même tendance, avant de démarrer le film, à trouver la réunion de ces deux communautés malmenées par Thatcher un peu tirée par les cheveux. Et pourtant, c'est exactement ce qui s'est passé en 1985. Et c'est aussi les mineurs qui ont soutenu à leur tour la communauté LGBT quand leurs droits se sont vus remis en question pour la énième fois. Quelle leçon et beau message à retenir, et surtout quelle belle façon de l'incarner.
Bravo Pride, je suis tombée amoureuse et je sens bien que tu vas rester longtemps dans ma vie.
9/10 (je réserve 10/10 pour les claques intégrales) mais c'est vraiment très près du podium. Une pépite que je conseillerai à tout le monde, et un très beau film auquel il ne manque qu'une marche pour accéder à la perfection.