Dès les premières minutes, on le sait : Joe Orton, dramaturge anglais des années 1960 et son amant Kenneth Halliwell sont retrouvés morts dans leur appartement, laissant pour seul témoignage un journal intime que l'agente littéraire du premier récupère. Plus tard, un écrivain veut écrire un livre sur Orton, à partir de ce journal, et ainsi, découvrir comme nous cette vie agitée ainsi que les circonstances de sa disparition, ainsi que celle de son amant...


Il est intéressant de voir que, comme le premier film de Stephen Frears, My beautiful laundrette, Prick up your ears traite aussi de l'homosexualité, non pas par militantisme, mais par la force de son sujet, à savoir la relation ombrageuse entre Joe Orton et Kenneth Halliwell. Magnifiquement incarnés par Gary Oldman et Alfred Molina, ils incarnent un couple qui n'est pas du tout assorti, et dont on peut se demander pourquoi ils sont ensemble. Car, excepté au début de leur relation, ils n'arrêtent pas de s'engueuler, d'aller voir ailleurs chacun de leur côté dans les endroits sordides, et on voit très bien la jalousie de Halliwell, écrivain frustré, jaloux,se la jouant dandy, pour Orton, qui a écrit deux pièces, et qui, au moment de sa mort, avait écrit un scénario pour les Beatles, qui ne sera jamais produit.


Bien que ce ne soit que le deuxième film de Frears, celui-ci avait déjà une longue carrière à la télévision anglaise, et cela se voit dans la maitrise technique, et une lumière poisseuse à souhait de Oliver Stapleton (qui collaborera plusieurs fois avec Frears), et, je l'ai déjà dit, une excellente interprétation à laquelle on peut rajouter Vanessa Redgrave, qui joue l'agente littéraire d'Orton.


Le film montre bien la fulgurante carrière qu'a été celle de Joe Orton, dramaturge qui commençait tout juste à se faire un nom, mais en proie à des relations compliquées, avec sa famille (qui le rejette plus ou moins parce qu'il est homosexuel), ses compagnons de passage et son amant, qui, fou de jalousie, le tuera de plusieurs coups de marteaux durant son sommeil avant de se donner lui-même la mort en avalant des pilules.


Prick up your ears est un un film très intéressant, bien moins vulgaire que le titre qui renvoie clairement à une érection, et qui permet de voir ce qu'est une étoile filante en termes de carrière, et qui lancera pour de bon le passage au grand écran pour Stephen Frears.

Boubakar
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le 26 janv. 2017

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