Si je vous dis "Pretty woman", le célèbre titre de Roy Orbison, ça vous évoque quoi ? Le film du même nom, bien sûr ! Et quand on cite le long métrage de Gary Marshall, il nous revient tout de suite à l’esprit cette formidable romance entre Viviane et Edward, respectivement interprétés par Julia Roberts et Richard Gere.
Oh il n’y a pas que la romance qui est formidable. En réalité, c’est tout le film qui l’est. Bien sûr, le scénario est tellement simple qu’on pourrait le résumer à cette improbable histoire d’amour (notez que je n'ai pas utilisé le terme impossible), mais il serait injuste de ne pas louer le formidable jeu des comédiens.
En ce domaine, il semble logique de parler en tout premier lieu de Julia Roberts. D’abord parce que l’honneur revient aux femmes, ensuite et surtout parce qu’elle illumine littéralement l’écran de son talent. En effet, elle donne à son personnage tant de fraîcheur, tant de spontanéité, d’insouciance, de bonne humeur, mais aussi de naïveté et d’exquises maladresses, qu’elle attire toute la sympathie du spectateur malgré lui. Et puis l’actrice met tant de cœur à donner du relief et de la couleur à son personnage qu’on ne peut qu’être admiratifs devant tout l’étalage de son talent. Notamment dans toutes ces inconvenances qu’à certains moments elle se plait à exploiter à fond pour donner une justification du comportement « I’m chocking » des uns et des autres. De l'exubérance à l'état pur boosté par les tenues en total contraste avec le milieu qu'elle se voit amenée à fréquenter. Il faut dire que son jeu est formidablement mis en valeur par l’ensemble des rôles secondaires : les marques de dédain ou de convoitise qui se lisent principalement dans les regards sont légion. On pense bien évidemment aux hommes croisés dans la rue qui se retournent, au directeur de l’hôtel soucieux de la réputation de son établissement, au liftier (personne affectée à l’ascenseur et à son fonctionnement), et à la clientèle très comme il faut mais quelque peu coincée de cet hôtel renommé, jusqu’aux vendeuses de magasins de luxe.
Evidemment, une telle richesse dans le récit n’aurait pas été possible si le destin de cette prostituée n’avait pas amené sur son trottoir Edward Lewis, un impitoyable homme d’affaires. Au volant d’une Lotus, il apparaît tel un prince charmant susceptible de lui apporter de la maille pour enfin payer le loyer d’un sordide appartement qu’elle et sa colocataire ont du mal à honorer.
Le traitement de l’histoire aurait pu être quelconque si la mayonnaise n’avait pas pris aussi vite entre les deux acteurs principaux. Mieux : la complicité est évidente et c’est avec une certaine satisfaction qu’on les voit s’unir dans une osmose vraiment plaisante à voir. Et le spectateur se surprendra à sourire lui aussi, et l’exemple le plus flagrant se trouve dans la scène où Vivian reçoit un collier pour compléter une tenue.
C’est vrai que Richard Gere lui donne bien la réplique, bien qu’il offre du fil à retordre à cette femme d’une grande sensibilité. Le truc est qu’il n’a pas eu besoin de forcer son talent. C’est même tout juste s’il ne l’a pas mis en berne, pour entrer dans les traits d’un requin de la finance posé et calculateur. Mais que voulez-vous. ? Richard Gere a tout pour lui : le physique, le charisme, un regard qui déshabillerait n’importe quelle femme… Et franchement, CA ENERVE !!! Même si vous les gars vous étiez copains avec lui, je suis sûr que le regard de ces dames se tournerait immanquablement vers lui, même s’il devait être un parfait inconnu. Bon, en plus il est célèbre, alors hein c’est sûr, on n’a plus aucune chance. Et pour finir de lier tout ça, le traitement de l’histoire est à l’image de l’héroïne : frais, léger, dynamique et cerise sur le gâteau, sans véritable moralisme à proprement parler, mis à part le fait que l’habit ne fait pas le moine. N’est-ce pas mesdames ? (dit Stephenballade à ces pimbêches de vendeuses en leur tirant la langue).
Et quand en prime, les notes diffusées par un piano et les violons viennent appuyer les moments les plus romantiques, comment ne pas fondre pour ces deux tourtereaux ? Alors oui, "Pretty woman" est une comédie sentimentale qui fait du bien qu’on prend toujours plaisir à voir et revoir, tout simplement parce que nous avons là une histoire intemporelle qui n’a pas vieilli d’un poil. Et quand c'est bon comme du bon pain, pourquoi se priver de se redonner le sourire ? Et en plus, ça permet de se remémorer certaines scènes oubliées particulièrement savoureuses. Perso, j’avais complètement oublié la scène sur le piano… Oulala ! Mais comment ai-je pu oublier ça ??

Stephenballade
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le 25 juin 2020

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