
Histoire de faire ses armes en science-fiction avant le très attendu Blade Runner 2049, Denis Villeneuve livre avec Arrival une œuvre anti-spectaculaire déjà phare à l'horizon des quinze dernières années du genre. Implacable peinture de l'incommunicabilité des Hommes, déchirante houle de pensées perdues, le film impose dès le premier plan un fascinant motif de l'écran comme une imposante fenêtre de la transmission, un panorama de mélancolie ambiguë. C'est aussi à travers ce prisme que s'opère le guide pilier du métrage, la vulgarisation scientifique, délicate opération qui ici ne perd jamais son spectateur. Car tout est affaire de retenue chez Villeneuve, d'une sobriété chirurgicale, invoquant la contemplation dans chaque mouvement de caméra, chaque composition de plan, l'aura pathologique du doute, le chant des grandes révélations. Face à ce monolithe inconnu, Amy Adams explose l'écran sous la lumière exceptionnelle de Bradford Young, sans compter l'ambiance de Johannsson qui invoque définitivement ces frissons aussi anxiogènes que salvateurs. De notre sidération paranormale de l'inexploré, le labyrinthe de la compréhension humaine connaît ici parfaite symétrie avec le langage cinématographique et nous révèle son cœur, puissant mélodrame intimiste. Organisant avec Arrival une rencontre du meilleur type, Villeneuve marque symboliquement son arrivée au sein de la science-fiction.
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