Denis Villeneuve avait déjà défouraillé le Thriller narcotrafiqué avec un Sicario violent, intimiste et formidablement imagée. Il signait Prisoners, un thriller fantastique, mais avec Premier Contact on touche certainement une forme de sommet de la SF.


Une forme d'anti-thèse de l'intergalactique Interstellar où l'humanité tentait d'échapper à son destin via un voyage inimaginable à travers le Cosmos. Une anti-thèse intimiste, où Louise Banks (Amy Adams), simple linguiste se retrouve dans une quête humaniste de compréhension d'extraterrestres si différent. Ici, l'enjeu est à la fois si grand et si minimaliste puisque c'est Louise Banks qui est au centre d'une traversée du temps aussi incompréhensible qu'haletante. Comme Nolan, Villeneuve joue avec le temps avec une rare intelligence. Ici, on se retrouve surtout sur une quête existentielle et psychologique à la fois intimiste, par l'intermédiaire d'Amy Adams, et de l'humanité.
Car tout ça est à la fois une hymne à la coopération, un rappel que nous ne faisons qu'un, que c'est en se liant que l'Homme à toujours avancé. Et une vaillante et cinglante critique de l'idiotie géopolitique mondiale et de notre monde actuel. Une critique par moment un peu grossière mais qui fait son effet tant Villeneuve l'introduit avec beaucoup de tact et minutie.


Le film est très bien rythmé par un duo Amy Adams / Jeremy Renner qui fonctionne à merveille tout du long, La présence de F. Whitaker est un plaisir.
Premier Contact détourne les codes de la SF en limitant son action en un lieu : une prairie, des tentes, un OVNI.
Prodigieux.


Une unité d'espace rare en SF qui transcende le propos et le rythme du film. A la fois lent et haletant, un sentiment d'oppression grandissant qui s'oppose à l'expansion du savoir de Louise qui s'ouvre aux étrangers, qui en devient plus qu'humaine. De part sa compréhension de l'Autre, elle rénove l'idée d'Humanité.


Villeneuve propose encore quelques chose de visuellement époustouflant que ce soit dans l'OVNI qui étouffe par sa sobriété et surprend par la relation qui se construit entre les humains et les autres. Les plans larges titillent aussi la pupille comme ceux présent dans Sicario. Mais le prodige technique de Villeneuve n'est tellement plus à présenter....


Aussi minimaliste qu' Interstellar est extraordinaire, ce Premier Contact est un chef d'oeuvre qui excite la curiosité, réveille l'humanité avec un discours profondément optimiste sur notre capacité à résoudre, à coopérer et à se départir de nos limites. Via un propos superbement géré, cet échange de l'humanité avec une entité évoluée confondant le temps avec l'espace, est époustouflant, géniale, intimiste, touchant et immersif.


Bravo Denis Villeneuve. Car si Sicario était déjà très bon mais non-aboutit, ce Premier Contact est déjà un classique du genre.

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le 18 déc. 2016

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Halifax

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