Premier contact n’est pas un film de SF. Premier contact c’est que le dernier Villeneuve en date. Et Denis entérine son passage à la production mainstream américaine. Le blockbuster baston ou poseur. Sicario, c’était le côté baston, ici c’est le côté poseur. Le film qui fait semblant de penser, alors qu’on ne pense à rien. Que les extraterrestres soient là, sur terre, et qu’ils aient du mal à communiquer, je veux bien. Mais qu’ils viennent du futur, et aient besoin de notre aide (?), c’est pas clair. Pour quoi faire ? On ne le dit pas. Comment ? J’sais pas. On reste dans l’évasive durant tout le film, alors que ce point important méritait un petit développement, non ? Astuce ou fainéantise, le film survole les enjeux, pour les envoyer dans un coin. Des êtres assez surdoués pour venir du futur demander de l’aide, et qui n’arrivent même pas baragouiner deux mots d’anglais, même après ¾ d’heure de film ( ?) J’ai du mal à  avaler, crédibilité niveau zéro. L’anglais, c’est une langue internationale connue de tout le monde, il me semble. Mais bon…heureusement, voilà Louise, le héros.


    Louise Banks, WWASP, pour White-woman Anglo-Saxon Protestant, héroïne pure et dure, qui arrive à régler le problème toute seule tellement elle est forte. Jeremy Renner, est debout à côté, mais comme il ne sert que pour la photo, on peut dire qu’il ne sert à rien. Louise Banks. Voilà l’archétype du héros contemporain ricain. Souvent un débile genre Forrest Gump, ou un génie façon Rain Man. Entre ces deux extrêmes, il y a un juste milieu.Le héros peut aussi être un individu tout à fait normal. Monsieur ou madame tout le monde. Il se trouvera confronté à un problème insoluble, et relèvera le défi tout seul. Comme un grand. Ceci étant dit, Louise qui est prof de linguistique, ne m’a pas fait plus d’effet que le majordome (noir) à la maison (blanche), joué par Forrest Whitaker, ou Mark Whatney, (botaniste, je crois), laissé seul sur Mars, et qui arrivera à communiquer avec la terre par un système de signes qu’il a inventé. (Qu’est-ce qu’il est fort, ce Mark !) Louise, c’est Mark, toute seule sur terre. Elle invente un système de signe poudre aux yeux, et tout le monde y croit.


  Toute la planète est censé être aux abois, mais on ne voit qu’elle et son petit univers personnel. C’est normal, c’est l’élue. Le reste de la planète se limite à la Chine, et à quelques clichés habituels. L’élue, Louise, a des souvenirs récurrents. Elle pense souvent à sa fille récemment décédée. (Elle est en deuil comme Ryan Stone, l’héroïne de Gravity, comme c’est curieux). Le deuil va finir par devenir une figure imposée, elle aussi. Et pendant ce temps, 12 Vaisseaux de forme ovoïdes sont apparus à divers endroits de la planète, et ne font rien. Le vrai drame n’est pas là où on croit. Laissons Louise faire son deuil.


  Quand on en à marre de la baston, on nous ressert du consensus. Et il n’y a pas plus consensuel que ce film là. Narration sans mouvement, vitesse quasi nulle. On se contente de phrases toutes faîtes. Exemple : Forrest Whitaker qui joue le colonel des forces armées, trouve que ça prend du temps à se décider, et veut passer à l’action. On attaque les ET, bons ou méchants, on s’en fout. Louise le pondère en lui disant : « Kanguru »


« Ça veut dire quoi ? » répond t-il ?  Et elle raconte une histoire qui semble intéressante. Quand les anglais ont débarqués en Australie, ils ont vus des animaux bizarres, debout sur leurs pattes arrière, qui portaient leurs bébés dans une poche devant le ventre. Ils ont demandés aux autochtones le nom de l’animal en question, et ceux ci ont répondus : « Kanguru ».


« Et alors ? »


 Alors, kanguru ne désigne pas le nom d’un animal, ça veut dire: « je n’ai pas compris ». Le capitaine Cook et ses hommes ont fait un gros contresens, qui dure jusqu’à aujourd’hui. Belle histoire. Fausse. Fausse comme les signes que l’on fait au tableau pour nous enfumer, fausse comme la venue des ET, qui ne servent pas plus que Jeremy Renner ; ils ne sont là que pour faire écran, sont cachés derrière un écran de fumée, communiquent par jet d’encre, comme la dernière imprimante de chez Hewlett P@ck@rd. On ne parle pas du langage dans ce film, on parle tout court.


  Et Renner qui est scientifique, est admiratif. Il dit à Louise, qu’elle approche la linguistique, comme le ferait un scientifique…Euh ! Á mon avis, tous les littéraires qui étaient dans la salle de cinéma, ont dû avoir un orgasme. Et les scientifiques, (les purs et durs), avoir un sourire. Tout le monde est content. Les 11 autres vaisseaux dispatchés aux 4 coins de la planète, sont-ils toujours là ? Oui. Entre du bavardage, et deux flashbacks, (elle pense encore à sa fille), elle va tout résoudre, en un tour de main, avant que les chinois ne s’énervent, et ne fassent tout péter. Ah, ces chinois! Le blockbuster finit bien.


  Elle a beau voir le passé, ou le futur, (quand ça arrange le scénariste, d’où la fin assez téléphonée), que je ne comprends pas les éloges sur ce film, lent et chiant, mal écrit, indigne d’être comparé à Rencontres Du Troisième Type. Spielberg est loin d’être mon cinéaste préféré, mais son film reste un coup de maître. Celui-là à côté est vide de toute substance, car il se regarde le nombril, comme Louise, elle qui regarde les signes laissés sur la vitre, et ne voit qu’elle-même, son futur, son passé, sa SF, sa life, sa fille. Le seul vrai rapport avec le Rencontres…c’est le titre voisin, en forme de quiproquo.


Kangourou.

Angie_Eklespri
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le 10 oct. 2017

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Angie_Eklespri

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