Premier contact met en scène une chercheuse spécialiste du langage amenée à enquêter sur d'immenses et étranges monolithes non identifiés stationnés dans 12 endroits sur la planète flottant à quelques mètres du sol.
Accompagnée de plusieurs autres chercheurs accrédités top secrets, elle intègre le cordon de sécurité militaire installé autour de l'un de ces étranges monolithes au cœur du territoire américain.
Leur mission: Établir le fameux premier contact.


Ce film de science-fiction mettant en scène une rencontre extra-terrestre intervient pour ma part après la douloureuse expérience du remake "Independance Day". Douloureuse de part sa plongée dans le piège de la mauvaise SF: Celle qui traite du sujet comme on l'a toujours traité. Asimov nous interpellait déjà sur le danger que représentait ce genre de scénario dans le préambule du cycle des robots. Il y décrit la littérature de son époque comme tournant autour d'un principe inébranlable: Les robots sont forcément amenés à se soulever contre leurs créateurs, Les Hommes. Il est tentant d'établir ce parallèle avec la SF d'aujourd'hui, qui s'intéresse plus volontier à "l'exo-présence" qu'à la robotique, objet de moins de fantasmes car déjà intégrée à notre mode d'existence.
Pourquoi les aliens seraient forcément hostiles?
Ce préconçu me semble être le corollaire d'un mécanisme projectif: L'Homme en position de supériorité en vient toujours à nuire à celui qu'il voit comme son inférieur. La colonisation, l'esclavage, l'Holocauste...
Les extra-terrestres, qu'on peut aisément supposer comme bien plus avancés que nous technologiquement car situés hors de notre univers observable et objectivable (qui ne représente quasi-rien, l'Univers étant infini) seraient-ils assez proches pour que nous extrapolions à ce point leurs intentions?
Pourquoi nous verraient-ils forcément avec mépris, comme des obstacles à leur expansion, des êtres primitifs, bons uniquement quand carbonisés à coup de lasers?
N'y a t-il pas place dans esprit inconnu pour la sidération, la curiosité, l'empathie... l'amitié?
Premier Contact vient bousculer le genre.
Bien sûr, d'aucuns me diront que Spielberg a déjà fait cela avec E.T. Certes, mais il a échappé à un préconçu et une projection mentale pour foncer dans un autre: L'anthropomorphisme. Les aliens nous ressemblent forcément. Mais si on aime les aliens parce qu'ils nous ressemblent, cela ne présume rien de notre grandeur d'âme.
Deuxième piège évité donc grâce à une esthétique visuelle impressionnante: Les extra-terrestres de Premier Contact n'ont vraiment pas des "gueules de porte bonheur". On pourrait regretter l'aspect "gros poulpe" facile, mais cela ne semble pas innocent: Cela permet d'instaurer la répulsion, une première impression négative, nécessaire pour la cohérence de l'effet produit par le film. L'aspect de ces êtres est certes repoussant mais leur attitude est suffisamment bien rendue pour produire des sentiments importants pour la plongée dans le film: La curiosité, la fascination, la frustration, la crainte. Le film ne dévoilera pas tout et il fait bien: Nous ne faisons qu'apercevoir leurs corps en entier, sans vraiment tout comprendre de leur biologie.
Le réalisateur connait à l'évidence très bien la SF et ses codes, suffisamment pour en jouer. Nous flirtons jusqu'à la fin avec la possibilité que le conflit avec les aliens se déclenche. J'ai poussé un ouf de soulagement à la fin de la séance.
Certains pousseront un hurlement de frustration: Pas une scène d'action de tout le film. Mais le jeu d'acteur et la structure narrative nous évitent l'ennui. Les péripéties s'enchaînent très bien.
J'ai vécu avec ce film une excellente expérience. J'avais peur, et puis j'ai plongé, pour finalement finir sidéré et enjoué. Le beau message de tolérance du film est complété par le fait que le film se permet des messages alternatifs: les impressions de déjà vu, les coïncidences... trouveraient donc leurs explications? La temporalité n'est-elle qu'une perception de l'esprit? Que ferais-je si je savais tout à l'avance? La destination est-elle plus importante que le voyage?


Les amateurs de SF contemplative, qui aiment se creuser les méninges adoreront. Ceux qui espéraient de l'action tomberont à côté. Mais à l'image de l'idée véhiculée par le film: Il faut se méfier des préjugés et s'ouvrir à ce film, il le mérite, vraiment.
Mais pour ma part, je suis très satisfait, vivement la sortie en blu-ray.

ArnaudDL
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le 14 déc. 2016

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Arnaud DL

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