Ce n’est pas tous les jours que l’on peut dire que l’on a vu un futur classique du cinéma. Pourtant, en sortant de Premier Contact ce soir, j’ai bel et bien le sentiment d’avoir vu un chef d’œuvre qui fera date.


Un film d’extraterrestres avec Amy Adams. Comment me suis-je retrouvée là ? La réponse est simple : Nick Hornby m’a dit d’aller le voir. L’auteur de Haute Fidélité est en effet mon idole littéraire, mon maître à penser, mon double masculin (sans cheveux et avec 30 ans de plus) : tout ce qu’il dit est parole d’évangile. Aussi, lorsqu’il a déclaré sur Facebook il y a quelques semaines avoir vu le meilleur film de l’année, je n’ai pas douté une seconde du fait que j’allais aller voir ce Premier Contact, extraterrestres ou pas. Et je peux vous dire que la puissance émotionnelle a été à la hauteur de la confiance que je porte au Dieu Nick.


Ceux qui s’attendent à voir un blockbuster avec des aliens flippants et des GI Joe allant les affronter perchés sur des Transformers vont être déçus. Car Premier Contact est tout sauf un film d’extraterrestres avec Amy Adams. C’est en revanche l’un des films les plus sensibles qu’il m’ait été donné de voir, disons, ces dix dernières années. Car Premier Contact n’est pas l’histoire d’une conquête ou d’un combat : c’est l’histoire d’une rencontre. Là où les films d’extraterrestres dressent des armes entre les étrangers et nous, le décidément surdoué Denis Villeneuve (Prisoners, Sicario) choisit le langage comme moyen d’interaction. Linguiste et traductrice mondialement réputée, Louise est appelée par l’armée pour tenter de décrypter les intentions de quelques créatures de l’espace ayant décidé de poser leurs vaisseaux dans les plaines du Michigan et un peu partout sur Terre, risquant ainsi de provoquer une Troisième Guerre Mondiale. Toute la beauté du film réside dans la bienveillance avec laquelle les personnages d’Amy Adams (au-delà de la perfection) et Jeremy Renner (sobre, bouleversant) vont patiemment apprendre à connaître et à communiquer avec ces êtres venus d’ailleurs, et comment en découvrant l’autre, ils vont se découvrir eux-mêmes. La tendresse se heurte néanmoins à une tension permanente, à grands coups de claques visuelles et de suspense insoutenable portés par la musique oppressante de l’Islandais Johann Johannsson. En moins de deux heures, le spectateur peut ainsi passer par toutes les émotions possibles et imaginables, retenant son souffle autant que ses larmes.


Le hasard fait que j’ai lu il y a peu de temps un merveilleux essai de l’universitaire anglais David Bellos intitulé Is That A Fish In Your Ear ? – The Amazing Adventure of Translation, qui narre avec humour l’évolution du langage et de la communication à travers les âges. Malgré toutes les craintes et les a priori que nous pouvions avoir face à la perte de sens ou les malentendus en passant d’une langue à l’autre, l’auteur nous affirmait que rien n’était impossible en traduction, et que notre capacité à communiquer émanait avant tout de notre humanité. Premier Contact en est l’une des plus belles démonstrations cinématographiques.

JuliaR1
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le 8 déc. 2016

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