Le film de science-fiction de Denis Villeneuve, comme beaucoup de films de science-fiction, tente de rapprocher, de mettre en parallèle ou de créer un effet de miroir entre l’universel et l’intime, le gigantesque et la minuscule. Ici, d’un côté l’arrivée de 12 vaisseaux extraterrestres aux quatre coins du globe, de l’autre le deuil d’une mère qui a perdu sa fille malade.
La partie intime, qui ouvre le film, est évoquée sous forme de flash-back, de visions furtives qui percent çà et là la narration, avec une esthétique malikienne de mauvais goût.
Les vaisseaux, sortes d’immenses protozoaires qui flottent dans le ciel, pourraient n’être que la retranscription symbolique de la maladie de cette fille. Des parasites, des corps étrangers, qui envahissent un territoire défini. Le film, avec une dimension théorique un peu niaise et forcée, semble poser la question : Faut-il essayer de comprendre les intentions de ces entités ou les détruire afin de se protéger.
En fait tout le film tourne autour de deux thèmes : le langage (la communication) et le temps.
Deux thèmes que le cinéaste essaye tant bien que mal de croiser, de relier, avec des raccourcis un peu vaseux.
Sur la question du langage, c’est plutôt réussi. La mère en question, Amy Adams, est une linguiste embauchée par le gouvernement américain dans le but de déchiffrer le langage des extraterrestres et de connaitre leurs intentions.
Toute la première partie, les préparatifs, l’approche, la première rencontre avec ces êtres, est très belle. On retrouve la magie, le fantastique, des grands films de science-fiction, comme Abyss ou Rencontres du 3ème type par exemple.
Tout ce qui touche à la difficulté de communiquer entre les êtres humains, les différents pays, gouvernements, est plutôt intéressant aussi.
Pourtant à ce niveau-là le film est impardonnable. Car il dépeint les USA avec la toute supériorité habituelle, comme le seul et unique cerveau capable de comprendre, le Saint, et aborde tous les autres pays (Chine, Russie, …) avec un mépris hallucinant. Eux ne réfléchissent pas, ce sont des cons qui ne pensent qu’à détruire ces entités sans chercher à les comprendre.
Sans parler de la pirouette scénaristique qui fait passer le chef de la sécurité chinois pour un débile.
En parlant de pirouettes, je trouve la question du temps ratée et fumeuse.
La deuxième partie du film rappelle les vas et viens narratifs que je trouvais laborieux dans Interstellar, flash-back, flash forward. La linguiste est maintenant capable de lire l’avenir et le film se noie alors dans un magma réflexif pas très heureux.
C’est dommage car il y a de très belles choses dans le film, sur le plan de la mise en scène, un côté humain, une pureté Spielbergienne parfois, mais il y a beaucoup trop de maladresses à côté.

Teklow13
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le 8 déc. 2016

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