Il avait créé la surprise l'année dernière en s'invitant sur la croisette pour y présenter Sicario, un cinéma de genre qui laisse songeur dès lors qu'il se frotte aux grands dramaturges appartenant au club restreint des habitués du Festival. Coup de théâtre, il avait balayé la compétition d'un revers de main - pour une sélection 2015, au passage, remplie d'audace - avec le même panache que Nicolas Winding Refn et son Drive, surclassant, dès lors, la plupart de ses adversaires en matière de mise en scène.


Par conséquent, à l'annonce d'un Denis Villeneuve, on se réjouit d'avance, on se rassure sur la qualité d'un cinéma devenu trop rare. PREMIER CONTACT provoque donc une attente cinéphile immense et on est persuadé qu'il ne ressemblera en rien au banal film de science fiction ultra-markété.


Soyons franc, d'emblée. PREMIER CONTACT est un film tornade. Dès l'ouverture, il nous emporte dans une tragédie humaine, entre contemplation Malickienne et réflexion, déchirement et admiration. La mise en scène de Denis Villeneuve tourbillonne dans un espace-temps fugace, aussi sombre qu'elle en devient presque insaisissable. A l'image de ses personnages en quête de vérité et dans un flou insoutenable, nous flottons dans la salle, nous aussi, à se demander si tout cela ne relève pas de la rêverie.


Situé à l'opposé du dégoulinant et alambiqué Interstellar, PREMIER CONTACT réussit à générer l'électrochoc existentialiste tant recherché par Nolan. Pour y parvenir, Denis Villeneuve concentre toute l'essence de son cinéma : de la nervosité que l'on retrouve dans Sicario, le déchirement d'Incendies et, évidemment, toujours ce sens du twist insufflé dans Enemy & Prisoners. C'est ainsi que le metteur en scène façonne son architecture narrative, patiemment, films après films, pour y retenir ici, le meilleur, le grandiose.


Denis Villeneuve pousse à son paroxysme l’exploration de l'âme humaine, par le prisme de l'inconnu, du langage et du savoir, dans son état le plus brute. Qu'il y a t'il de plus douloureux que d'accepter d'affronter son funeste destin, d'y plonger sans regrets, pour y entrevoir , ne serait-ce qu'un instant, la blancheur éternelle de la vie ?


PREMIER CONTACT : immense, bouleversant et incroyablement riche.

sof3000
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le 6 déc. 2016

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Safrane 3000

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